Déchets, démantèlement : les soutenables arguments des partisans du nucléaire

Tribune signée Gérard Petit, Ingénieur retraité du secteur de l’énergie

Alors que le nucléaire s’est invité en première ligne de la campagne électorale, revenons sur l’aval de l’exploitation des réacteurs : le traitement des déchets et la déconstruction des installations.

L’apologue, nous dit Emile Faguet, c’est : «  la démonstration d’une maxime par un exemple », et c’est un apologue d’Esope que reprend La Fontaine, dans la chute de sa célèbre fable « Le Renard et le Bouc » : « En toute chose, il faut considérer la fin ».

Si l’on en croit les contempteurs de l’électronucléaire, les tenants de la filière n’auraient donc pas lu Esope, encore moins La Fontaine, n’ayant pas considéré la fin de leurs machines, ni celle des déchets qu’elles ont produits. Mais à la différence de « l’ami bouc », il ne s’agirait pas de légèreté, mais bien de cynisme, dans le droit fil des modes de pensées nucléaristes : profitons maintenant, les générations qui nous suivent s’accommoderont du legs, une situation présentée, sans surprise, comme une aporie par les opposants.

Mais qu’en est-il vraiment de ces jugements accablants, souvent assénés par mimétisme militant, sans chercher à remonter aux sources, où pire encore, en connaissance de cause, en tordant le bras aux réalités ?

Retraitement, recyclage

Outre que la production de déchets réellement problématiques est très faible, le choix de retraiter le combustible irradié, et donc de séparer les scories (produits de fission et actinides mineurs) de ce qui est réutilisable (plutonium et uranium appauvri), a permis de réduire les volumes à traiter et de conditionner spécifiquement lesdites scories par vitrification…situation, qui sans être une solution définitive, constitue une étape vers celle-ci, et permet de l’envisager, en toute sûreté, sans la pression du temps, la protection conférée par les matrices de verre étant particulièrement pérenne.

Cette politique de recyclage, pratiquée pour les combustibles nucléaires usés, bien avant qu’on érige ladite politique en principe sociétal, permet la valorisation énergétique des produits du processus, soit 96% des matières initialement présentes, un chiffre remarquable.

Il s’agit de plutonium réutilisable en réacteur RNR (1) ou en réacteur REP (1), via le combustible MOX (2) et d’uranium de retraitement URT (3) dont la teneur en U 235 est encore supérieure à celle de l’uranium naturel, ce qui en fait un matériau à potentiel.

À propos du propos, il se trouve que ces pratiques, apanage des connaisseurs du domaine, ont cependant émergé sur la scène de la campagne pour l’élection présidentielle, le nucléaire y occupant une place inattendue.

Dans les années passées, une partie de l’URT a été envoyé en Russie pour y être enrichi à un niveau, permettant, à nouveau, son utilisation en réacteur (par ultracentrifugation, technique que la France de mettait pas encore en œuvre, car s’appuyant toujours sur celle de la diffusion gazeuse, lequel processus, appliqué à l’URT, se prêtait mal à l’opération, entre autres à cause de la présence d’U236.

Conformément aux pratiques internationales pour de ce type de contrats, la Russie renvoyait l’uranium enrichi et conservait l’uranium appauvri, matière nucléaire potentiellement valorisable, en particulier dans la filière RNR, tout donc ,,sauf un déchet nucléaire.

Yannick Jadot, qui transforme opportunément sa campagne en tribune anti-nucléaire, a qualifié le schéma précité de politique d’exportation de nos déchets vers des pays « moins regardants », preuve s’il en fallait que le nucléaire est une impasse, de quelque côté qu’on le regarde.

En connaissance de cause, on appréciera la valeur de l’argument, mais sa déclaration restera probablement dans les esprits, c’est le but recherché.

Le retraitement des combustibles irradiés est un processus que la France a développée de longue date et qu’elle exploite à grande échelle, c’est un savoir-faire spécifique, la technologie est complexe mais remarquablement maîtrisée et riche d’un très important retour d’expérience, c’est un maillon industriel à part entière de notre électronucléaire national, et plusieurs pays (Allemagne, Japon, Belgique..) se sont appuyés sur la France pour le retraitement de leurs combustibles irradiés, en des temps où l’horizon nucléaire était plus dégagé pour eux.

Actualité toujours, plutôt que de reprendre, comme stipulés dans les contrats, le plutonium issu du retraitement de ses combustibles, le Japon, qui n’avait pas oublié les remous suscités par le rapatriement de plutonium sur ses terres (l’épisode mémorable du navire Akatsuki Maru en 1992) a préféré qu’il soit intégré dans des combustibles MOX, lesquelles livraisons viennent tout juste de s’achever, par l’arrivée d’un troisième transport dans l’archipel.

Aux temps jadis, les Japonais avaient acquis une partie du processus de retraitement « à la française » mais ont échoué à le compléter et à l’industrialiser. Les Chinois se montrent intéressés, mais les négociations s’éternisent. Il faut dire que les montants en jeu sont très significatifs.

En France, le plutonium extrait était originellement destiné aux futurs réacteurs RNR, filière mise depuis en impasse politique par l’arrêt de Super-Phénix, choix confirmé plus récemment par l’abandon d’ASTRID (6).

Mais depuis la fin des années 80 , on sait aussi valoriser le plutonium dans les réacteurs REP, par l’utilisation de combustibles MOX, ce qui a permis, jusqu’ici, l’économie de plus de 8000 tonnes d’uranium naturel, en ordre de grandeur, une année complète de fonctionnement du parc EDF.

En France, les recharges combustible de 22 / 32 réacteurs de la famille 900 MWe, contiennent des éléments combustible MOX. Dans le monde, environ 44 réacteurs (soit en gros 10% de la flotte) ont, ou ont eu recours à ce type de combustible.

Stockage géologique

Dans la stratégie nationale de gestion des déchets nucléaires, il est prévu que les déchets vitrifiés et autres sous-produits très radioactifs issus du retraitement (tête et pied des assemblages combustible dûment compactés), mais aussi les assemblages MOX irradiés (difficiles à retraiter et moins valorisables), soient déposés définitivement (moyennant une garantie de réversibilité sur 100 années) dans un futur stockage géologique, réalisant ainsi le bouclage effectif du cycle du combustible nucléaire, au grand dam de ses opposants, vent debout contre ce qu’ils qualifient, bien légèrement d’ailleurs, d’inconséquence.

Cette option, travaillée en France depuis plus d’un tiers de siècle, avec suivi parlementaire régulier, a donné lieu à des travaux qui font référence sur le champ théorique (nombre de thèses de haut niveau) et expérimental (avec notamment le laboratoire souterrain de Bure qui teste in situ et grandeur nature, les différents aspect techniques du stockage tels qu’envisagés).

bure-cigeo-andra

Les opposants, qui peuvent difficilement contester le sérieux et la qualité de la démarche, même si la problématique est en soi difficile, s’agissant de projections à très long terme, brandissent la dimension éthique de la question, parlant de legs empoisonné aux générations futures, sans devoir considérer que ces mêmes futures générations, aimeraient bien que le problème ne leur incombe pas.

On doit néanmoins considérer que la résistance prouvée des verres (à la lixiviation par les éléments naturels), relayée par les qualités de la couche d’argilite choisie (située à 500m de profondeur, stable depuis le Jurassique [> 150 millions d‘années] , exempte de failles et de circulation d’eau, située dans une zone très peu sismique), représentent des données d’entrée solides.

Il s’agit -in fine- de montrer que les obstacles opposés à la migration des radioéléments, retarderont suffisamment leur progression pour que, dans l’intervalle, ils aient perdu leur nocivité par décroissance radioactive, un challenge simple mais très exigeant, qu’on peut néanmoins considérer relevable, compte tenu de l’approche globale proposée.

Démantèlement des installations

Sur ce sujet précis, on peut se reporter -à profit- au texte que Dominique Grenèche et Michel Gay viennent de publier sur Contrepoints (4), on y trouve l’essentiel, stratégies comme ordres de grandeurs, une démystification méthodique de l’épouvantail si légèrement opposé aux tenants de la filière nucléaire.

En fait, une étape prévue et anticipée d’un cycle industriel, que ne devrait entraver aucune limite technologique, les process requis étant déjà développés et financièrement accessibles.

Alors qu’il n’y a plus aucun enjeu de sûreté et que les seules questions importantes sont relatives à la radioprotection des intervenants et à l’entreposage des composants extraits, le chantier de Brennilis (5), est pris pour cible emblématique afin, une fois encore, monter que toutes les problématiques nucléaires conduisent à des impasses.

Il se trouve que les arcanes procédurières qui encadrent le démantèlement, compliquée à l’envi, sont autant de flans présentés aux opposants qui s’y engouffrent et y excellent.

Illustration caricaturale, il s’avère beaucoup plus simple de procéder au changement des générateurs de vapeur sur une centrale existante, chantier pourtant conséquent et complexe, que de pouvoir démonter et sortir les échangeurs équivalents (mais beaucoup plus modestes) du réacteur de Brennilis.

Il incombe réglementairement (et logiquement) aux exploitants des centrales nucléaires de réaliser le démantèlement des installations, après qu’elles aient été définitivement mises à l’arrêt, cette même charge échoit aussi aux exploitants des fermes éoliennes et solaires, mais ceux-ci découvrent parfois les montants très importants à provisionner.

Comme dit, s’agissant du nucléaire, ce démantèlement a souvent été présenté comme ardu, dispendieux, voire impossible, par certains, mais la réalité est plus prosaïque.

Le haut degré de standardisation des réacteurs français devrait grandement faciliter l’industrialisation des processus de déconstruction et surtout permettre une forte valorisation du retour d’expérience si on sait séquencer correctement les différents chantiers.

La difficulté viendra plutôt des exutoires pour les déchets crées, aujourd’hui notoirement sous dimensionnés, surtout si on persiste dans un « zonage » des installations, générateur de grands volumes de déchets, déclarés radioactifs seulement parce qu’il sont situés « au mauvais endroit ».

Par ailleurs, à la différence des pratiques les plus courantes, en Europe et ailleurs, il n’existe pas en France de seuil d’exemption pour les déchets réellement radioactifs, cette disposition interdisant la réutilisation de matériaux (par exemple des aciers,) pourtant très faiblement radioactifs, un véritable gaspillage.

Enfin, en matière de démantèlement, on dispose de la maîtrise du calendrier, c’est un atout essentiel. Nul besoin de se précipiter, car on bénéficie ainsi de la diminution naturelle de la radioactivité, mais quand le temps sera venu, il faudra ensuite créer et maintenir une cadence dans les chantiers pour permettre la réelle industrialisation des processus et la valorisation des investissements correspondants.

Les financements sont d’ores et déjà provisionnés et protégés (actifs dédiés), des taxes spécifiques étant prélevées sur les factures d’électricité. Entre autres organismes de contrôle, « La Cour des Comptes » suit tout particulièrement ces aspects et procède régulièrement à leur appréciation.

À cet égard, il est clair que la prolongation de la durée de vie des installations accroît mécaniquement les provisions, un autre bénéfice, peu valorisé celui-là.

Déconstruction argumentaire

Ainsi, même après un rapide survol de ces questions, peut-on encore dire que l’aval de l’exploitation des réacteurs est un impensé ?

Reste pourtant qu’il est stratégique pour les détracteurs de l’énergie nucléaire de décrédibiliser la filière en orientant l’opinion vers un champ qu’on lui présente miné, déchets intraitables, déconstruction impossible.

Ces dimensions étant éminemment techniques, il n’est pas aisé d’argumenter en défense en présentant des données d’évidence ; par contre, fabriquer du doute reste trivial et ces sujets s’y prêtent à merveille.

Une fois encore, pour qui cherche à discréditer définitivement le nucléaire, montrer que sous des avantages insignes, qu’on peut de moins en moins éluder, il est essentiel de montrer qu’il existe une épaisse strate sombre (déchets, déconstruction,..) en conférant au discours une dimension éthique, faute de pouvoir contre-argumenter techniquement de manière crédible, sur l’échelle des risques réellement encourus.

——–

(1)  RNR : réacteurs à neutrons rapides, REP : réacteur à eau pressurisée.

(2) MOX (Mix oxyde) combustible nucléaire composé d’oxyde de plutonium et d’oxyde d’uranium

(3) URT (uranium de retraitement) uranium récupéré dans le processus de retraitement des combustibles irradiés, sa teneur en isotopes fissiles (par neutrons thermiques), de l’ordre du %, est supérieure à celle de l’uranium naturel, d’où les stratégies de valorisation par re-enrichissement (on parle alors d’URE)

Outre l’U 235, l’URT contient une faible proportion d’U 236, qui signe un passage en réacteur.

(4) https://www.contrepoints.org/2021/11/26/414822-demantelement-dune-centrale-nucleaire-facile-et-pas-cher

(5) Centrale de Brennilis, dite des monts d’Arée, dite EL4, réacteur fonctionnant à l’uranium naturel, modéré à l’eau lourde, refroidi au gaz carbonique, d’une puissance de 70 MWe, mise en service en 1967, arrêtée en 1985…Mi-2021, EDF a présenté un nouveau scénario et un nouveau planning pour un achèvement définitif du démantèlement en 2040 !!

(6) ASTRID : réacteur prototype de 4 ème génération, RNR de puissance intermédiaire, refroidi au sodium, projet abandonné en 2019.

 

commentaires

COMMENTAIRES

  • Une autre piste prometteuse concernant le recyclage de ces « déchets » : « La start-up genevoise Transmutex développe des technologies associant un accélérateur de protons et un réacteur sous-critique au thorium (un combustible alternatif à l’uranium) pour transmuter les déchets nucléaires les plus dangereux en éléments stables et pour produire de l’électricité et de l’hydrogène. »https://www.s-ge.com/fr/article/actualites/20203-cleantech-transmutex

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  • Le nucléaire est généralement un secteur « fermé », qui ne semble communiquer qu’avec les ministères. Aujourd’hui, la production nucléaire s’écroule silencieusement (42 GW de disponibilité contre 58 GW il y a 9 ans). Ce sont les centrales thermiques anglaises, espagnoles et allemandes qui sont principalement utilisées pour pallier à cela.
    J’ai essayé de savoir pourquoi est-ce que Superphoenix a été arrêté, au-delà d’un accord politique avec les Verts. Difficile d’y voir clair entre les partisans du nucléaire, qui disent que tout marchait bien, et ceux des ENR qui disent que c’était un gouffre financier qui ne marchait pas.
    Donc, j’ai fini par me faire à ces idées, sur la base de quelques éléments de réponse de Jancovici: la surgénération fonctionne bien… pendant quelques mois. Ensuite se posent des problèmes de corrosion du circuit primaire par les sels fondus radioactifs, et d’évacuation de déchets qui finissent pas bloquer le processus. Des problèmes non résolus à ce jour, sur lesquels sont en train de travailler les Chinois.

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    • Phénix, prototype français des réacteurs RNR de puissance (250 MWe) a fonctionné de 1973 à 2010
      BN 600 réacteur RNR Russe de puissance (600 MWe) a démarré en 1980 et fonctionne toujours
      BN 800 a démarré en 2015
      BN 1200 est en cours de développement….c’est la puissance de Super-Phénix arrêté en 1997, sur décision gouvernementale, sans qu’on lui ait laissé le temps de faire ses preuves et après qu’il ait fonctionné une année pleine a puissance nominale, une performance pour un prototype aussi complexe.

      Cette technologie pointue ne présente nullement les tares rédhibitoires que vous mentionnez, et pour qui veut s’informer, il existe une abondante documentation sur cette filière, ses spécificités, ses fragilités, son énorme potentiel…

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      • @GP
        Non, Superphoenix n’a pas fonctionné durant une année pleine à puissance maximale…
        Les réacteurs à neutrons rapides que vous mentionnez incinèrent du plutonium, comme les réacteurs classiques le font aussi en utilisant le MOX.
        Es-ce qu’ils apportent un grand progrès par rapport aux réacteurs classiques ? Je ne sais pas. Mais si c’était le cas, ils seraient probablement déjà en production en série, en Chine et en Russie. Or ce sont des réacteurs classiques à l’U235 qui sont mis en production en série en Chine.

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        • Formellement, vous avez raison, j’aurais du mentionner « hors arrêts programmés »

          Un extrait du Rapport Parlementaire Galley-Bataille donne davantage de précisions quantitatives et qualitatives que je vous laisse apprécier.

          Dépôt publié au Journal Officiel le 26 juin 1998
          RAPPORT
          FAIT
          AU NOM DE LA COMMISSION D’ENQUÊTE (1)
          sur SUPERPHÉNIX
          et la FILIÈRE des RÉACTEURS à NEUTRONS RAPIDES,

          4.– La période finale d’exploitation
          Les périodes d’exploitation sont en conclusion les suivantes : de janvier 1986 à mai 1987 (17 mois), d’avril 1989 à juillet 1990 (15 mois), d’août à décembre 1994 (5 mois) et de septembre 1995 à décembre 1996 (16 mois), soit, au total 53 mois, pendant lesquels la production cumulée d’électricité atteint 8 milliards de kWh.
          En tout état de cause, pour NERSA, la période de référence de Superphénix est l’année 1996. Les « défauts de jeunesse » de Superphénix sont enfin surmontés. Le réacteur marche à plein régime, avec un taux de disponibilité de 95 % hors arrêts programmés et produit 3,5 milliards de kWh.
          Pour les exploitants, le bilan est au total positif. Superphénix souffrait au départ de nombreux handicaps. Son caractère de prototype, élaboré de surcroît dans un cadre international, a conduit à multiplier les fournisseurs et les différents types de matériels : plus de deux fois et demi par rapport à un REP 1 300 MWe. Autre exemple de la complexité de l’installation, l’utilisation du sodium a entraîné la multiplication des dispositifs autobloquants pour respecter les normes antisismiques.
          Mais Superphénix a démontré, du point de vue de l’exploitant, qu’un réacteur à neutrons rapides de grande taille était facile à piloter quant à sa neutronique. Sa forte inertie thermique est un atout. Les autorisations de rejets ont été très facilement respectées. La dose collective de radioactivité s’est révélée quarante fois plus faible que celle relative à un REP.
          L’expérience acquise avec Superphénix concerne notamment les domaines de la conception, de la technologie, de l’exploitation et de la sûreté, en termes de connaissances de base et modèles quantifiés, de principes, de méthodes et de procédures de conduite ou de maintenance. Cette expérience a été incorporée au projet EFR (European Fast Reactor), un réacteur à neutrons rapides de 1 500 MWe conçu par EDF et le CEA comme prolongement de Superphénix.
          Par un paradoxe difficile à admettre, c’est au moment où les problèmes semblent résolus que la décision de fermeture intervient.
          ………………………………………………………………
          ……………………………………………………………….;

          Comme je le développe dans mon propos, le plutonium récupéré dans les opérations de retraitement du combustible irradié était destiné à la filière RNR (dont les réacteurs peuvent également fonctionner à l’uranium enrichi), son utilisation dans les réacteurs REP est une réorientation industrielle qui permet de valoriser le plutonium disponible et d’en faire diminuer le stock.
          L’intérêt principal de la filière RNR reste la valorisation des ressources d’U 238, qui sont énormes.

          Répondre
          • Il semble qu’il n’y ait pas d’argument technique justifiant l’arrêt de Superphoenix, et donc que son arrêt soit purement politique.
            Les éléments utilisés sont évidemment très dangereux (5 tonnes de plutonium dans la cuve + 5 000 tonnes de sodium liquide dans le circuit primaire), mais le réacteur a été approuvé par l’ASN sur des critères de sécurité que je ne serai jamais en mesure de juger.
            Concernant les BN 600, 800 et 1200, ils seraient donc des prototypes utilisant principalement l’uranium 235 (et pas l’uranium 238) dont l’intérêt serait d’essayer de se rapprocher progressivement d’un réacteur de « génération 4 », c’est-à-dire de réacteurs qui ne consomment que du plutonium (en surgénération ou sous-génération), de l’uranium 238 associé au plutonium ou du thorium associé à l’U233 + un tas de déchets radioactifs divers, ces éléments constituant une source d’énergie infinie à l’échelle humaine.
            Les RNR russes ne sont donc pas des réacteurs de génération 4 disposant d’une source quasi infinie de combustible.

        • Contrairement à ce que vous dites, ce qu’on cherche à consommer dans les RNR est bien l’U 238, isotope fertile « fissilisé » via la transformation en Pu 239 (+ isotopes impairs)…c’est leur finalité même.
          Mais, vous le savez comme moi, pour entretenir une réaction en chaine, il faut mêler cet U 238 à des isotopes fissiles, U 235 quand on ne dispose pas de plutonium, puis plutonium issu du retraitement, dans une logique de cycle.
          Mais pour réaliser cette mutation, on doit utiliser des neutrons rapides, car leur capture par L’U 238 est favorisée par rapport aux neutrons thermiques (capture donnant du Pu 329 (via le Np), mais aussi, en moindre proportion, fission directe de l’U 238).
          Les BN russes ont démarré avec de l’U 235, même si ils utilisent aussi du combustible MOX provenant du recyclage de matériaux militaires, mais tous valorisent l’U 238, leur raison d’être.
          En France, Phenix a même utilisé des combustibles au plutonium issu du retraitement de combustibles provenant de Phenix…

          Répondre
          • @GP
            Je ne connais rien au nucléaire. Je suis juste un couillon qui essaie de comprendre un minimum, en essayant de poser les bonnes questions.
            J’ai compris que le but du programme BN 600-800-1200 était d’arriver à consommer de l’U238.
            Est-ce qu’ils y sont arrivés et dans quelle mesure, par rapport à un REP qui consomme une partie de MOX (3% du combustible, si j’ai bien compris, soit une économie de 3% d’U235).
            Je crois que quelque part, la filière nucléaire paye, notamment, son manque de communication pendant des décennies sur ses avantages et les défis qui lui restent à relever pour atteindre éventuellement le stade de fourniture d’électricité illimitée, à un prix abordable, et avec des risques acceptables.
            Les 3/4 des Français croient que le nucléaire contribue fortement au réchauffement climatique…

  • Oui, le parc nucléaire vielli et depuis longtemps il n’en a pas été contruit de nouvelles. Rajoutez à cela la fermeture de Fessenheim et la crise COVID. Nous sommes alors obligés d’importer car nos voisins ont conservé des gros parcs thermique fossile alors que nous en avons fermé de nombreuses. Mais la production nucléaire est plutôt meilleure que l’an passé et se porte encore bien. L’éolien a, par contre, beaucoup fléchi par rapport l’année passée malgré un parc en expansion.

    Répondre
    • La variabilité annuelle de l’éolien français serait probablement moindre si le parc était correctement réparti.
      Elle est encore moindre à l’échelle européenne, et l’éolien est une énergie « à l’échelle européenne », moyennant de coûteuses interconnexions. Cette année, par exemple, la production éolienne semble, pour l’instant, avoir été moins forte que l’année dernière en Allemagne, mais plus forte en Espagne.
      Par ailleurs, la biomasse solide peut être entreposée durant plusieurs années et peut servir en partie de régulateur.
      En conclusion, la variabilité annuelle de l’éolien ne me semble pas un problème majeur.
      Quant au nucléaire, je le situe au même niveau de nuisances, tous risques inclus, qu’un système dans lequel le gaz fossile serait très minoritaire.
      En tous cas, le parc nucléaire est là, et les développements dans les ENR sont là également, au niveau mondial. La guerre de l’un contre l’autre n’a pas beaucoup de sens selon moi.
      Peut-être qu’un jour, si l’uranium devient cher, le nucléaire pourra évoluer en back-up de l’éolien. Aujourd’hui, cela n’a pas de sens étant donné la structure de coûts du nucléaire.
      Une chose qui me semble quand même très probable, c’est que le prix des batteries continue à diminuer, étant donné que « généralement », lorsque la taille d’un marché double, le prix du produit baisse de 20%.

      Répondre
    • On peut imaginer tout de même que la baisse de disponibilité du parc de 58 GW à 42 GW en 9 ans est en partie due aux travaux du « grand carénage » qui doivent amener les centrales à une durée d’exploitation de 60 à 70 ans.
      C’est quand même assez incroyable un tel manque de communication de la filière.

      Répondre
  • L’éolien est variable d’une année sur l’autre.
    Mais ces variations sont en partie compensées par les variations du solaire, qui évolue en sens inverse.

    Répondre
  • Sans être contre les ENR par principe, restent le problème des ressources minières dont l’exploitation reste peu écologique et les tensions sur les prix préoccupantes.https://www.build-green.fr/les-energies-renouvelables-et-le-probleme-des-ressources-minieres. Sans compter l’acceptation des populations qui ne cesse de se réduire, due à l’emprise au sol et la modification/altération des paysages. Pour la France dont le contenu carbone est un des plus faibles au monde, le développement des ENR ne devrait pas le modifier sensiblement.

    Répondre
    • La disponibilité des matériaux est sans doute la plus grande incertitude autour des ENR, même si celles-ci progressent dans le sens d’une moindre utilisation des ressources rares.
      Concernant le nucléaire, c’est la capacité de passer à la quatrième génération qui est la plus grande incertitude, car les ressources en U235 sont limitées également. De nombreuses tentatives ont eu lieu dans les années 80 et 90, dont aucune n’a réussi à maitriser le cycle au-delà de quelques mois, malgré un haut niveau de compétence dans ce secteur.

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