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COP24 : le contexte géopolitique n’est pas propice au financement de l’Accord de Paris

En limitant sa défaite lors des élections de mi-mandat, le Président Trump croit maintenant au scénario d’un possible deuxième mandat Républicain en 2020 pour mieux concrétiser le retrait des Etats-Unis de l’Accord de Paris sur le climat et de l’accord sur le nucléaire iranien.

La 24ème Conférence des Parties sur le climat (COP24) de la Convention-cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC) va se tenir à Katowice en Pologne du 3 au 14 décembre 2018, dans un contexte de tension internationale concernant la bonne mise en oeuvre de l’Accord de Paris de décembre 2015 (COP21) et la possibilité effective d’atteindre ses objectifs.

L’Accord avait fixé, dans son article 2, de contenir le réchauffement climatique en dessous de 2 °C par rapport aux niveaux préindustriels et si possible de viser à poursuivre les efforts pour limiter la hausse des températures à 1,5 °C en 2100.

Un contexte géopolitique difficile pour l’Accord de Paris

Des observateurs européens mettent d’entrée en cause le leadership polonais pour la COP24 car le ministère de l’énergie a lancé la construction, par GE Power/Alstom, de la dernière centrale à charbon du pays à Ostroleka. Cette centrale de 1 000 mégawatts utilisera 3 millions de tonnes de charbon polonais par an.

La Pologne a, à Bełchatów, la plus grande mine de charbon à ciel ouvert de l’Union Européenne et un important bassin houiller en Silésie.

Même si les progrès technologiques permettent aux nouvelles centrales d’avoir de meilleurs rendements pour de moindres pollutions, la Pologne émettait déjà 7,63 tonnes annuelles de CO2 par habitant en 2016 d’après l’Agence Internationale de l’Energie (contre 4,38 tonnes pour la France) et passe pour le mauvais élève de l’Union Européenne qui envoie un mauvais signal.

Au niveau géopolitique, les élections de mi-mandat aux Etats-Unis ont montré une bonne résistance du Président Trump : son parti Républicain a perdu la majorité à la Chambre des représentants mais a renforcé sa position au Sénat.

Portés par les bons résultats économiques, les Républicains commencent à entrevoir un scénario où ils pourraient effectuer un second mandat présidentiel en 2020 et concrétiser le retrait des Etats-Unis de l’Accord de Paris sur le climat et de l’accord sur le nucléaire iranien.

Enfin, le terrible meurtre du journaliste saoudien Jamal Khashoggi crée un trouble supplémentaire majeur au Moyen-Orient qui demande la réaction la plus ferme des démocraties pour essayer de trouver le corps de la victime et exiger la vérité des faits.

Le partenariat stratégique de la France avec l’Arabie Saoudite, que certains  diplomates schématisent par des importations de pétrole contre des ventes d’armes, est sérieusement menacé.

Pourtant, pour ne pas fragiliser davantage l’Accord de Paris sur le climat, nous devons continuer le dialogue avec l’Arabie Saoudite, championne du monde avec 16,34 tonnes annuelles de CO2 émises par habitant, pour l’aider à préparer sa transition énergétique.

A quoi va servir la COP24 dans ce contexte ?

Le rapport du GIEC demandé par la Convention-Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC) est sorti en octobre 2018 pour servir de base scientifique aux discussions de la COP24.

Il alarme les décideurs en disant que la hausse des températures sera de 5,5°C de 1990 en 2100, dans un scénario pessimiste si rien n’est fait pour infléchir la courbe des émissions de gaz à effet de serre.

Il prône une réduction des émissions de CO2 de 45 % d’ici 2030 et la réalisation d’une « neutralité carbone » en 2050, ce qui semble extrêmement ambitieux si les comportements actuels continuent et si les financements ne sont pas au rendez-vous.

L’objectif principal de la conférence annuelle COP24 est technique en élaborant et adoptant des règles d’application, c’est-à-dire un ensemble de décisions garantissant la pleine application de l’Accord de Paris.

Elle doit faciliter le dialogue pour soutenir la mise en œuvre des engagements nationaux concernant les mesures d’adaptation et d’atténuation.

La COP24 fera également le point sur le Dialogue Talanoa mené par les îles Fidji qui vise à évaluer les progrès accomplis dans la réalisation des objectifs de température et d’émission de CO2. Elle adoptera le plan d’action de Katowice que les Polonais espèrent décisif pour que la Conférence soit un succès.

La bonne gouvernance du Fonds vert pour le climat

Le point le plus important concerne le volet financier et sa gouvernance, avec les incertitudes géopolitiques énoncées précédemment. Les pays en développement posent la question légitime de la dotation du Fonds vert pour le climat.

Beaucoup d’actions présentées dans les Contributions Prévues Déterminées au niveau National sont conditionnelles à un financement. Un engagement a été pris à Copenhague (COP15) en 2009 par les pays développés de mobiliser ensemble 100 milliards de dollars par an de la signature de l’accord jusqu’en 2020.

Le fonds a été constitué à Cancun (COP16) en 2010, sa gouvernance adoptée à Durban (COP17) en 2011 et les premiers administrateurs ont été nommés au 1er janvier 2013 pour un démarrage opérationnel fin 2013 à son siège de Songdo, en Corée du Sud.

En 2014, il a reçu un engagement de ressources de 10,3 milliards de dollars. La COP21 de 2015 a confirmé que ce Fonds concourrait à l’application de l’Accord de Paris. Le Fonds est actuellement dirigé par un secrétariat général international qui est contrôlé par un conseil d’administration de 24 membres qui compte un représentant français de la direction du Trésor.

Les administrateurs se réunissent 3 fois par an en temps normal, et arrivent en fin de second mandat de 3 ans, le 31décembre 2018, c’est-à-dire juste après la COP24.

Sur le site du Fonds, on peut lire aujourd’hui qu’il a déjà investi 1 milliard de dollars dans des projets. Force est de constater que la dotation du fonds n’est absolument pas à la hauteur des engagements et qu’il va être difficile d’abonder conformément aux promesses, ce qui peut provoquer la colère des pays en développement.

L’Union Européenne post-Brexit peut-elle contribuer davantage en cas de retrait américain ?

La COP24 doit contenir cette déception potentielle et montrer que ces conférences climatiques et la bonne gouvernance du Fonds vert pour le climat créent des opportunités vertes pour le Sud à la hauteur des espérances.

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