Pourquoi les collectivités territoriales ont des difficultés à jouer un rôle dans l’énergie ?

Billet de notre partenaire Eric Morel

Les collectivités territoriales sont au centre des évolutions énergétiques depuis quelques années. Le savent-elles ? Je crois que oui. Le caractère local de certains systèmes énergétiques, réseau de chaleur, géothermie, récupération de chaleur fatale, production d’électricité à partir de déchets ménagers, ne leur échappe pas.

De nombreuses initiatives récentes ont changé le paysage énergétique urbain

  • Les villes développent ou stimulent le développement des énergies locales et des réseaux de chaleur.
  • Les écoquartiers se multiplient.
  • La mobilité verte gagne chaque jour du terrain (usage du vélo, bus électriques, restriction de l’accès des centres-villes pour les voitures à moteur thermique etc…)
  • Les ménages sont localement incités ou soutenus dans le développement des énergies renouvelables ou de l’efficacité énergétique

Pour autant, l’évaluation de ces premières actions laissent quelquefois un sentiment d’inachevé et révèlent des performances insuffisantes :

  • La performance énergétique des écoquartiers est rarement au niveau des objectifs … ou des promesses.
  • L’évolution vers une mobilité verte divise souvent les habitants
  • Les différents acteurs locaux de l’énergie sont rarement coordonnés
  • Les programmes de remplacement d’équipements énergivores chez les ménages sont longs à porter leurs fruits

Après plusieurs années d’efforts, l’action d’une ville semble plafonner

Pourquoi donc ? Quels seraient les points de blocage à lever, dans la majorité des cas, pour lui permettre de reprendre sa marche en avant ?

  • Manque de compétences opérationnelles en matière énergétique : cela affecte la gouvernance locale de l’énergie car il est indispensable d’être crédible et précis dans la coordination des différents acteurs. Cela pénalise également les capacités de la ville à analyser les situations, les actions menées et les résultats obtenus.
  • Pas de raisonnement global : plusieurs axes de globalisation sont à mener. Il est important d’optimiser, pour chaque énergie, la chaine locale, de la production à la consommation en incluant stockage et distribution. Raisonner simultanément, l’électricité, le gaz, la chaleur, l’eau, les déchets et la mobilité est indispensable car des interactions énergétiques importantes existent entre chaque domaine. Les raisonnements doivent couvrir l’intégralité du cycle de vie des installations : comment exploiter un écoquartier, adapter de manière dynamique un schéma de mobilité ou gérer la fin de vie d’une installation de production ?

Ceci requiert des compétences globales, rares que les processus d’achats publics ne permettent pas de sélectionner facilement.

  • Chaque action doit être conduite dans une perspective et un cadre commun assurant une cohérence de chaque contribution.
  • Trop d’actions sont souvent menées de manière besogneuse, déconnectées des enjeux globaux. La maigreur des budgets publics est une explication partielle car, dans de nombreux cas, de petites améliorations permettraient de grandes avancées.

Par ailleurs, les villes sont rarement créatives pour imaginer des partenariats avec le monde privé pour attirer des capitaux supplémentaires qui permettraient davantage d’actions et de résultats, sans pour cela « faire rentrer le loup dans la bergerie » comme elles en ont souvent la crainte.

Ces points de blocage peuvent sembler anodin, leur résolution accessible. Mais leur levée pourrait supposer la nécessité de profondément revoir et refonder la manière de fonctionner des villes : sauront-elles résoudre rapidement cette équation et atteindre leurs objectifs énergétiques et environnementaux sans compter seulement sur la coercition sur les consommateurs ?

commentaires

COMMENTAIRES

  • C’est un sujet sur lequel, en tant que promoteur d’un appareil de production d’energie électrique (et thermique évidemment) j’ai beaucoup de choses à dire puisque s’agissant de la France, nous l’avons pené à destination des territoires dans un esprit de conformité au développement durable, à l’autonomie partielle des territoires, conforme également au principe de l’économie circulaire qui a de multiples aspects.
    1er constat: l’energie en France appartient aux « grands », lesquels raisonnent en Giga et pas en méga ou encore en k. Les petits « machins » même vertueux ne les intéressent pas.
    2e constat les aides éventuelles sont dirigés vers la production de chaleur (et rien que la chaleur s’agissant de la biomasse) ce qui aboutit à des grosses centrales dont l’appétit est énorme et qui au lieu de participer au développement des territoires, pillent leurs ressources et déséquilibre la filière en particulier bois.Pour pouvoir prétendre faire de l’électricité, il convient d’utiliser le plus complexe, à savoir les déchets urbains qui entrainent des problemes de pollution du gaz à étudier et à règler, donc aussi des coûts complémentaires.
    – enfin, il y a l’aspect risque. Il faut tomber sur des gens tres courageux pour se lancer dans une aventure basée sur la gazéïfication sans présenter de garanties de résultat même si on peut prouver un recul sans doute le plus important…au monde (début des travaux en ..1973 facile de comprendre pourquoi 73). Les résultats présentés actuellement par les installations-pilotes ne nous aident pas du tout même si notre procédé est fondamentalement différent. Il faut trouver une solution pour l’aspect risque industriel. Et tout ça dans un pays qui ne sait plus tres bien où aller au plan énergétique, et où energies renouvelables se déclinent sous les noms d’éoliennes et de panneaux solaires qui n’ont pas d’autonomie et demandent pour cela des investissements colossaux. A la fois, c’est lumineux et concrètement tres compliqué.

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