Captage carbone: un « déploiement industriel massif » possible dans 3-4 ans
Le président du centre de recherche sur l’énergie IFP Energies nouvelles Pierre-Franck Chevet a estimé mardi que les technologies permettant le captage et le stockage du dioxyde de carbone avaient progressé au point de pouvoir envisager leur utilisation prochaine à grande échelle.
« On n’est pas loin », a indiqué M. Chevet, en évaluant à « trois ou quatre ans » le délai avant « un déploiement industriel massif ».
Cet outil sera d’autant plus nécessaire que les carburants fossiles (pétrole, gaz et charbon) continueront encore d’être la source d’énergie majoritaire dans le monde en 2050, a-t-il fait valoir lors d’une présentation des activités du centre de l’IFPEN à Solaize, au sud de Lyon.
En partenariat avec ArcelorMittal et Total, l’institut pilote depuis 2019 un projet destiné à démontrer la viabilité d’un système innovant de captage et de stockage du CO2 à Dunkerque (Nord), d’une capacité de 0,5 tonne de CO2 par heure.
Dans une seconde phase, une unité industrielle d’une capacité de 125 tonnes par heure de CO2 doit être implantée sur ce même site.
Le procédé DMX, issu de plus de dix ans de recherches de l’IFPEN, doit « permettre de réduire de 30% le coût du captage du CO2, la partie la plus chère du processus, par rapport aux procédés classiques », a souligné la cheffe du site de Solaize Cécile Barrère-Tricca.
« C’est essentiel pour atteindre les objectifs de la COP21 », a-t-elle relevé.
D’après l’Agence internationale de l’Energie, cette technologie devrait contribuer à hauteur de 9% aux réductions des émissions de CO2 à l’horizon 2050.
Le CO2 capté doit être ensuite réinjecté sous pression dans d’anciens sites pétrolifères épuisés en mer du Nord.
La séquestration du CO2 revient ainsi à « une centaine d’euros la tonne tout compris » – encore loin des prix actuels du marché du carbone (autour de 42 euros/t), pourtant au plus haut de leur histoire.
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