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Forages pétroliers : un répit pour l’embouchure de l’Amazone

Les autorités brésiliennes ont renoncé à mettre en vente en 2018 des concessions pétrolières situées dans l’embouchure de l’Amazone, où les projets d’exploration du groupe Total sont vivement critiqués par les milieux écologistes. Explications d’Edina Ifticene, chargée de campagne Océans à Greenpeace France.

Greenpeace s’est longuement mobilisée sur ce sujet au Brésil. Vous parlez, sur votre site internet, d’un répit… Pourquoi n’est-ce pas une victoire définitive ?

Les scientifiques brésiliens des universités de Rio et Sao Paulo ont publié en 2016 la confirmation de l’existence du récif de l’Amazone. Ils précisaient à l’époque qu’on connaissait que très peu cet écosystème. Fin 2016, ces mêmes chercheurs nous ont contactés pour nous alerter car ces écosystèmes étaient déjà menacés par des explorations pétrolières de Total et BP. Nous avons du coup envoyé notre bateau L’Esperanza et photographié ce récif avec ses sous marins. Grâce à cette première expédition, nous avons étudié avec des experts l’étude d’impact de Total.

Résultat : nous avons constaté qu’il y avait de réelles lacunes dans l’étude, qu’elle ne permettait pas de mesurer les impacts sur le récif lui-même et sur les mangroves et côtes, et évidemment sur les risques de marée noire. Nous avons transmis nos informations à l’agence brésilienne chargée de délivrer les licences pour les forages exploratoires (l’IBAMA).

Ensuite, constatant que Total n’apportait pas assez d’éclaircissements sur tous ces points, l’IBAMA a décidé de rejeter les licences environnementales en laissant une dernière chance au groupe pétrolier français de répondre correctement.

Deuxième point : l’Agence nationale de pétrole (ANP) devait revendre des blocs dans cette région de l’embouchure appelée Foz do Amazonas aux enchères en mars 2018. Comme Total n’a pas obtenu ses licences environnementales, l’ANP voyait un risque à vendre des concessions. D’où le renoncement à mettre en vente de nouveaux blocs d’exploration pétrolière.

C’est pour nous une victoire d’étape car cela prouve que les pétroliers ne peuvent pas répondre aux risques environnementaux. Mais attention, nous parlons de répit car ce n’est pas fini et Total compte toujours répondre. Et en 2019, il est probable de voir de nouvelles concessions mises aux enchères.

Le fait de repousser de quelques kilomètres la zone de forage pourrait-elle faire reculer les autorités brésiliennes ?

Ce n’est pas une histoire de kilomètres. L’argument de dire que le forage n’a pas lieu sur le récif ne tient pas la route dans la mesure où des rejets de boue et une marée noire se répand sur toute la zone immédiate. Une chose est sûre : la question de ces forages se trouve en conflit entre le ministère de l’énergie et le ministère de l’environnement.

Dans le monde, existe t-il d’autres zones où les grands groupes pétroliers cherchent à obtenir de nouvelles concessions pétrolières où l’enjeu environnemental est en première ligne ?

Oui. Dernièrement nous sommes intervenus pour nous opposer à des projets en Arctique, notamment en mer de Barents. L’an dernier, BP a tenté de forer dans la grande barrière de corail en Australie. Grâce aux ONG et à certaines autorités, les investisseurs ont dû renoncer à ces projets. Certaines zones ne devraient pas être concernées par les explorations pétrolières et devraient être protégées notamment pour le climat et la biodiversité. Nous sortons de la COP23… il faut arrêter de vouloir absolument faire des forages offshore dans certaines zones !

Le fait d’arrêter la production d’hydrocarbures en France d’ici 2040 ne va-t-il pas accélérer la production dans d’autres sites sur la planète ?

Ce n’est pas juste en disant « il faut arrêter » que cela suffit. Les entreprises doivent mettre en place des plans pour passer à un mix énergétique avec des énergies renouvelables, plutôt que de compter sur les énergies fossiles. Cela fait longtemps qu’on en parle. Il faut maintenant passer aux actes. Malgré les COP, malgré les engagements, malgré les beaux discours, la situation n’évolue pas.

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COMMENTAIRES

  • soyons réalistes et objectifs: c est un même gisement pétrolier qui se trouve des deux cotés de la frontière maritime entre Guyane (France) et Amapa (Brésil) – il faut s’opposer a TOTAL à la fois en Guyane et en Amapa, d’autant plus que les courants marins et les vents de surface pousseront une eventuelle pollution vers la Guyane et le Suriname !!

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