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Biodéchets : de l’assiette à la chaudière

Une tribune signée Véronique Bel, directrice GRDF Centre-Ouest

 

Dernière ligne droite avant le tri des biodéchets pour tous…et la possibilité de produire du gaz vert.

Dans quelques semaines, à compter du 1er janvier 2024, le tri des biodéchets sera généralisé et concernera tous les professionnels et les particuliers. Ces biodéchets représentent encore un tiers du contenu de la poubelle des Français, non déjà trié.  C’est un gisement qu’il faut maintenant valoriser en vue d’une économie circulaire de la matière organique.

Une complémentarité entre compostage et méthanisation

Si une partie de ces déchets peut être évitée grâce à la lutte contre le gaspillage alimentaire, le reste des biodéchets peut et doit être valorisé. Méthanisation et compostage sont les deux modes de valorisation organique des déchets alimentaires collectés. Il ne faut pas opposer ces deux filières car elles sont complémentaires en fonction de la typologie des territoires. Dans certains territoires, et notamment ceux avec une forte densité de population ou de professionnels produisant des déchets organiques, la méthanisation de ces biodéchets offre une double valorisation au profit de la décarbonation des territoires. Elle permet en effet de produire de l’énergie, sous forme de gaz vert consommé localement, et dans le même temps un engrais naturel, réduisant ainsi l’utilisation d’engrais chimique. Je vois dans cette démarche un rapprochement des intérêts du secteur agricole, en pleine mutation écologique, et des collectivités soucieuses de la préservation de leur territoire.

Une importante source de production

Avec un gisement brut estimé par l’ADEME à 18 millions de tonnes, dont la majorité est issue des ménages, les biodéchets représentent un potentiel important de production de gaz vert. Plus localement, nos études estiment le gisement des déchets alimentaires à plus de 1 150 0001 de tonnes, dans les trois régions administratives dont j’ai la direction pour GRDF (Bretagne, Pays de la Loire et Centre Val-de-Loire) et plus de 500 000 tonnes qui pourraient être mobilisables pour la méthanisation. Cela représente l’équivalent du chauffage annuel de 387 000 logements neuf chauffés au gaz.

Certes, aujourd’hui, une large part des biodéchets échappe encore à toute forme de valorisation. Les filières de traitement doivent donc encore se structurer, notamment en travaillant à améliorer la gestion de proximité, l’industrialisation et la préparation. L’enjeu est de rediriger cet important gisement de biodéchets présents dans les ordures ménagères vers des filières de gestion vertueuses.

Continuons la sensibilisation et la formation

Le succès de cette filière passe incontestablement, et comme pour toute autre voie de valorisation, par l’efficacité du tri à la source de ces biodéchets, avant même d’envisager leur traitement. Il est donc impératif de continuer à communiquer et de sensibiliser auprès du grand public et des professionnels pour démontrer, prouver que les biodéchets sont également une source d’énergie verte. A l’instar de ce qui est déjà une réalité dans d’autres pays européens, chacun d’entre nous doit se rendre compte que l’alimentation doit être triée à part, au même titre que le plastique, le carton ou encore le métal. Une routine qui risque de bouleverser notre quotidien et que bon nombre de Français vont découvrir prochainement.

1 Chiffres issus des outils GRDF

commentaires

COMMENTAIRES

  • Les déchets solides produits partout où la population est dense permet précisément par divers procédés dont la pyrogazéification de produire localement c’est à dire proche du consommateur. L’installation de multiples paires de pyrogazéificateurs associés à des centrales à gaz de faible puissance au voisinage des zone à forte densité de population (villes) apporterait le renfort renouvelable pilotable aux sources renouvelables variables dont l’inconstance doit être régulé par un moyen pilotable. Ce n’est qu’en introduisant le gaz de synthèse et le biogaz dans le cercle vertueux du renouvelable que nous parviendront à nous passer de 100% de ce que l’on sort de la Terre uniquement dans le but de le transformer en chaleur.

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  • Bonjour,
    Dans une ville moyenne, commençons par un pilote qui validera les chiffres. Depuis la collecte jusqu’à l’entrée du gaz dans le réseau. Il faudra certainement beaucoup d’énergie fossile avant de pouvoir récupérer un peu d’énergie…

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  • un peu de techno sur les biogaz ou gaz « vert »
    L’injection sur le réseau nécessite une épuration et a un coût
    Quelle est la différence entre le biogaz et le biométhane ?
    Le biométhane est un biogaz dont on a retiré le dioxyde de carbone, le sulfure d’hydrogène et l’eau. Grâce à ce procédé d’épuration, le biométhane possède les mêmes caractéristiques que le gaz naturel et peut être injecté dans le réseau.
    Comment épurer le biogaz ?
    Le biogaz issu du digesteur traverse un filtre à charbon actif pour être séché et désulfuré. Le mélange de méthane et de dioxyde de carbone est ensuite douché à l’eau froide dans une colonne de 7 m de haut. Le CO₂ est ainsi piégé en bas, dans l’eau, avant d’être récupéré par un processus de dégazage.
    Comment transformer le biogaz en biométhane ?
    En fermentant, les bactéries vont digérer les déchets et ainsi les transformer en digestat (un engrais naturel) et en biogaz. Une fois épuré (c’est-à-dire débarrassé de toutes ses impuretés), odorisé et contrôlé par GRDF, le biogaz aura les mêmes propriétés que le gaz naturel et prendra le nom de biométhane.

    Répondre
  • Avant que nous parvenions à  » nous passer de 100% de ce que l’on sort de la Terre uniquement dans le but de le transformer en chaleur », comme on peut le lire plus haut, il nous faudra patienter très, très longtemps car « une large part des biodéchets échappe encore à toute forme de valorisation ». La production de biométhane ne sera probablement pas à l’échelle de cette éventuelle substitution. https://www.carbone4.com/publication-biomethane-climat

    Répondre
  • Cet article va bien dans le sens du projet « production d’hydrogène bleu par piégeage chimique « , en régie municipale, (qui sera mis en détail sur le site de la SEPRA 81), redonné lors de son dernier exposé participatif : https://youtu.be/E8d3-l-JsTc Avis aux communes intéressées.

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