2021: renouvelables et ressources énergétiques distribuées sur le devant de la scène
Eclairage de Colin Beaney, Vice President Energy, Utilities & Resources chez IFS
Si la pandémie mondiale fait les gros titres, la crise climatique reste un sujet d’envergure. Les dangers du changement climatique et des émissions de carbone sont toujours très préoccupants. Toutefois, d’un point de vue mondial nous sommes en train de passer des mots aux actions.
Dans le secteur de l’énergie, des services énergétiques fournis aux populations et des ressources, un net progrès est perceptible aussi bien chez les acteurs agiles que chez des acteurs plus conservateurs. Au menu, plus de transparence, plus d’audits, une collaboration basée sur les données.
Ceci crée de nouvelles possibilités de conquérir et satisfaire les usagers des services, gagner des parts de marché et de fonctionner plus efficacement, tant d’un point de vue commercial qu’environnemental.
Dans un contexte marché instable, voici les tendances qui se dessinent sur le secteur.
Joint-ventures et startups soutiennent la croissance des énergies renouvelables : vers un déclin des énergies carbonées ?
Si l’année 2020 a été difficile à bien des égards, une raison de rester optimiste est la croissance continue des énergies renouvelables telles que le solaire photovoltaïque (PV), l’éolien et l’hydroélectricité.
Dans un récent rapport « Renewables 2020« , l’Agence internationale de l’énergie note que la Covid-19 n’a pas du tout freiné le développement des énergies renouvelables. Elles seront le secteur connaissant la croissance la plus rapide jusqu’en 2025.
Leur essor sera alimenté par des joint-ventures (co-entreprises) et partenariats. En 2021 et au-delà, il y aura toujours plus de grandes entreprises historiques des énergies et services énergétiques qui travailleront de concert avec des entreprises agiles et start-ups.
À travers le monde :
Une co-entreprise a été créée entre Engie et le portugais EDP sur la question de l’éolien en mer pour devenir un leader du secteur. De son côté, EDF en a créé une avec Masdar à Abu Dhabi pour les énergies renouvelables et la performance énergétique.
Pour réduire la dépendance aux combustibles fossiles, Pacific Gas and Electric Company (PG&E) et Tesla ont inauguré un système de stockage d’énergie par batterie lithium-ion de 182,5 MW en Californie. Le projet Tesla Megapack permettra également de renforcer l’efficacité et la fiabilité du réseau, avec une réduction des coûts globaux pour les consommateurs.
Le géant mondial de l’énergie BP et l’acteur danois Ørsted ont annoncé leur intention de développer un projet d’hydrogène renouvelable en Allemagne. Le projet vise à alimenter la raffinerie de Lingen, en utilisant de l’hydrogène propre (vert) dérivé de l’eau grâce à un processus d’électrolyse alimenté par le vent.
L’âge du stockage d’énergie « behind-the-meter » propulse le secteur
Une nette transition vers les énergies renouvelables et les ressources énergétiques distribuées (RED – ou modes de production d’électricité à petite échelle).
L’industrie et les ménages se tournent vers le solaire et la géothermie pour compléter leur approvisionnement en énergie, contournant plus ou moins les entreprises énergétiques traditionnelles.
Ces dernières perdent une source de revenus jusqu’ici garantie. Et les réseaux nationaux ou régionaux ne sont pas toujours conçus pour accueillir une production d’énergie renouvelable et décentralisée.
Pourtant, d’intéressantes opportunités pour les services du futur voient le jour avec de nouvelles méthodes de génération de revenu. Les fournisseurs de services énergétiques peuvent vendre de l’énergie et proposer des services de RED directement aux clients finaux.
Avec ce positionnement, ils peuvent tirer parti d’économies d’échelle, d’une main d’œuvre qualifiée, offrir plus de choix, des tarifs plus compétitifs et un service plus rapide.
Outre la réduction de la facture énergétique ou la possibilité de gagner de l’argent en revendant le surplus d’énergie au réseau, les consommateurs peuvent également bénéficier de coûts de maintenance réduits et de la tranquillité d’esprit de savoir qu’ils dialoguent avec une entreprise réglementée et certifiée.
Alors que la RED progresse, il devient impératif d’offrir des services plus qualitatifs, efficaces à grande échelle.
Les entreprises énergétiques doivent désormais gérer, surveiller, entretenir des centaines de milliers d’actifs de petite taille et devront faire un effort pour mettre en œuvre des technologies intelligentes et prédictives telles que l’intelligence artificielle (IA), le machine learning (ML) et les jumeaux numériques pour transformer cette masse de données en informations intelligibles.
L’institut IDC* prévoit que d’ici 2025, plus de 50 % des fournisseurs de services énergétiques augmenteront leurs dépenses d’automatisation, d’IA et ML, avec pour objectif une meilleure maintenance prédictive et prescriptive.
L’un des principaux défis que doivent relever les nouveaux venus du marché est de trouver et déployer des logiciels capables de gérer les données non structurées et de les transformer en un levier de performance.
Entre décarbonation et données : offrir un service d’excellence au client
Une mise à profit des données semble également tout à fait pertinente dans le domaine du transport maritime et du fret, au regard du service client.
Pour le secteur de la logistique, 2020 a été une année de rupture. Cela se ressent particulièrement pour le fret aérien, qui, selon un rapport Accenture, a connu une baisse de 20 % de capacité par rapport à 2019. Le secteur maritime en profite pour ravir des parts de marché à son cousin aérien.
Les navires sont en mesure de s’équiper de batteries plus grandes et de systèmes de propulsion sans émission, le maritime peut donc se positionner comme une option « plus verte ».
Une « course à l’armement » se profile entre les ports pour offrir les services les plus rationnels, rentables et intelligents.
Il y aura donc une prolifération des technologies d’IA, ML, jumeaux numériques pour assurer la transparence sur la chaîne d’approvisionnement, traçabilité, responsabilité et qualité de service. Toutefois, pour réussir, il faut des processus commerciaux souples grâce à une infrastructure technologique moderne et pertinente.
Merci, au suivant !
Chacun attend avec impatience que l’année 2020 soit enterrée dans les annales de l’histoire. Malgré tous les changements et bouleversements, les acteurs du secteur de l’énergie, des services énergétiques et ressources montrent leur détermination. On décèle un désir sincère de respecter les promesses qui ont été faites.
La prochaine décennie sera une période d’avancées sans précédents, puisque les humains seront les instigateurs du progrès, et plus seulement les entreprises.
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*IDC FutureScape: Worldwide Utilities 2021 Predictions. Roberta Bigliani, Jean-François Segalotto, Gaia Gallotti, John Villali, Jayesh Verma, Phevos Skalidis.