2016, année historique pour les investissements dans le secteur de l’électricité

L’Agence Internationale de l’Énergie (AIE) a publié le 11 juillet un rapport centré sur les investissements mondiaux dans le secteur de l’énergie en 2016. Les chiffres issus de ce dense document montrent qu’il s’agit d’un secteur de l’économie mondiale qui est entré dans une ère de profonds bouleversements. Comme le prouve l’évolution d’une des tendances historiques du secteur : pour la première fois, les investissements dans l’électricité ont été plus élevés que ceux dans les hydrocarbures.

Le déclin des investissements dans les hydrocarbures

Les investissements mondiaux dans le secteur de l’énergie s’inscrivent pour une troisième année consécutive à la baisse. Selon le rapport de l’AIE publié début juillet, ce ne sont pas moins de 1.700 milliards de dollars qui ont été investis dans les différentes branches du secteur de l’énergie tout au long de l’année 2016. Un montant conséquent mais en diminution de 12% par rapport à 2015. Depuis 2014, première année de ce déclin, les investissements du secteur de l’énergie ont globalement reculé de 18%.

« Ce déclin est attribué à deux facteurs. La réaction de l’industrie du pétrole et du gaz à la période prolongée de prix bas, qui a été une période de coupes drastiques dans les investissements; et les progrès technologiques qui réduisent les coûts des investissements, à la fois dans l’électricité renouvelable et le pétrole et le gaz », explique à ce titre les auteurs du rapport.

En crise depuis quelques années maintenant, le pétrole et le gaz ont bénéficié de quelques 649 millions de dollars pour se développer en 2016. Un chiffre qui représente 38% des dépenses énergétiques mondiales, mais qui symbolise une véritable perte de vitesse économique : ces investissements sont en baisse de 25% par rapport à 2015 (et de 38% depuis 2014). Les analystes de l’AIE estiment cependant que le secteur devrait bénéficier d’un léger rebond en 2017 (+3%) notamment grâce à la dynamique du gaz de schiste (+53% en 2017), les nouveaux gisements découverts dans le Golfe du Mexique et les dépenses engagées dans les régions productrices du Moyen Orient et de la Russie.

L’AIE précise que le secteur du charbon, énergie fossile la plus polluante, est encore plus à la peine. En plus d’avoir perdu près de 20 GW de nouvelles capacités installées entre 2015 et 2016, en raison des politiques énergétiques de plus en plus hostiles à « l’or noir », le secteur affiche une baisse de 25% de ses investissements. Cette tendance se confirme sur l’ensemble des continents, à l’exception de l’Inde où les investissements dans le charbon restent soutenus.

Des émissions de CO2 qui stagnent grâce aux énergies décarbonées

Le secteur électrique affiche des investissements à hauteur de 718 milliards de dollars. Un chiffre qui représente 42% des dépenses mondiales et qui stagne (-1%) par rapport à 2015. L’AIE souligne cependant une baisse des sommes consacrées au financement des moyens de production, compensée cependant par la hausse des investissements destinés aux réseaux électriques. Mais pour la première fois de l’histoire, les investissements du secteur de l’électricité ont dépassé ceux destinés du pétrole et du gaz.

Du côté des énergies renouvelables, les investissements mondiaux se sont inscrits à hauteur de 297 milliards en 2016. Un chiffre qui témoigne d’une baisse de 3% en cinq ans, mais qui n’enraye en rien leur développement : la diminution des coûts et l’augmentation des performances des technologies éoliennes et solaires ont en effet permis d’ajouter 50% de capacités renouvelables et d’augmenter les rendements de 35% sur cette même période.

Résultat : la hausse de la production renouvelable éolienne et photovoltaïque ne suffit pas à compenser la perte de vitesse des investissements dans le nucléaire et l’hydroélectricité. Si l’AIE indique que 10 GW de puissance nucléaire est entrée en service en 2016, la meilleure performance du secteur depuis 15 ans, seul 3 GW de puissance ont été mis en chantier cette même année. Si la tendance au ralentissement du nucléaire et de l’hydroélectricité se confirme dans les années à venir, il sera primordial d’accélérer le déploiement du renouvelable intermittent pour ne pas enrayer la stagnation des émissions de gaz à effet de serre (observé depuis 3 ans maintenant).

Le « rôle clé » des entreprises publiques

Il apparait que l’efficacité énergétique est la troisième filière en termes d’investissements : les sommes consacrées s’inscrivent en effet en hausse pour atteindre 231 milliards de dollars au niveau mondial en 2016. Le secteur du bâtiment, fortement énergivore, est au cœur des préoccupations : il a bénéficié d’une grande partie des investissements (133 milliards).

L’AIE souligne enfin le « rôle clé » que jouent les États en matière d’investissements dans le secteur de l’énergie : les entités publiques ont en effet apporté 42% des investissements totaux de 2016. Sans oublier que les décisions politiques et les mesures de soutien public qui en découlent permettent de donner les dynamiques de développement de certaines filières.

« La diminution de 18% des investissements en énergie à travers le monde depuis 2014 n’a pas encore soulevé d’inquiétudes majeures concernant l’approvisionnement en énergie à court terme, mais ce recul pourrait éventuellement poser problème. Pendant que l’industrie du pétrole et du gaz se concentre sur des projets à court terme, les décideurs publics doivent garder en tête l’enjeu de l’approvisionnement à long terme. Même avec des objectifs ambitieux de lutte contre les changements climatiques, les investissements dans le pétrole et le gaz devront sortir de leur marasme actuel. La bonne nouvelle, c’est qu’en dépit des bas prix de l’énergie, les dépenses en efficacité énergétique augmentent », estime l’AIE.

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