précarité énergétique

Une transition énergétique vraiment pour tous ?

Guillaume Bort, fondateur de FioulReduc.com, tire la sonnette d’alarme sur la précarité énergétique qui sévit en France. 

Alors que la précarité touche un quart des Français et que trois quarts déclarent avoir froid chez eux, les taxes augmentent chaque année et davantage encore en 2017. Une situation qui devient difficilement vivable pour de nombreux foyers chauffés au fioul domestique, qui n’ont pas toujours la possibilité de changer d’énergie !

Les taxes augmentent dans un contexte où la précarité énergétique progresse. Les taxes pèsent de plus en plus sur la facture de chauffage des ménages. La taxe sur le fioul, nommée TICPE, est de l’ordre de 143 euros au 1er janvier 2017 (TVA incluse) alors qu’elle était de 68 euros au 1er janvier 2014. Le niveau de la taxe a donc doublé en quatre ans et cette hausse ne devrait pas connaître de ralentissement dans les années à venir. Pour réduire les émissions de dioxyde de carbone, principal gaz à effet de serre, le gouvernement a en effet l’intention de quadrupler la taxe carbone d’ici 2030.

Le prix du fioul dépend de plusieurs facteurs comme le cours du pétrole, les coûts du raffinage, le coût de transport et de distribution ainsi que la fiscalité. Alors que la taxe reste fixe pendant l’année une fois le montant déterminé au 1er janvier, le cours du pétrole, lui, évolue au quotidien. Lorsque le prix du pétrole est bas, le poids de la TICPE est mécaniquement plus lourd, le consommateur associant alors le paiement de sa facture d’énergie à un énième impôt.

La précarité énergétique touche un Français sur cinq

D’après une étude réalisée par l’Observatoire National de la Précarité Energétique, près de 6 millions de ménages français, soit 12,2 millions de personnes, éprouvent des difficultés pour régler leur facture d’énergie.

Concernant les ménages chauffés au fioul domestique, le phénomène de précarité énergétique est de plus grande ampleur encore, puisque plus d’un tiers en souffre. Ces derniers ont généralement plus de 65 ans (46%), sont majoritairement propriétaires de leur logement (62%) et vivent dans des maisons individuelles en milieu rural construites avant 1975, donc fortement énergivores.

L’augmentation des taxes accentue ce phénomène de précarité énergétique, les ménages étant contraints soit de se priver de chauffage, soit de rogner sur les autres postes du budget du ménage (vacances, loisirs, habits, etc.) … et bien souvent les deux.

Des aides pour mieux se chauffer existent mais difficilement accessibles

Des aides lentes à se mettre en place. Jusqu’à très récemment, les tarifs sociaux de l’énergie (TPN et TSS) concernaient uniquement le gaz et l’électricité. Le chèque énergie – nouvelle aide pour le chauffage incluant désormais les énergies hors réseau (ex. fioul, bois, GPL) – est donc très attendu. Il devrait ainsi concerner environ 4 millions de foyers et son attribution, basée sur un critère fiscal unique, tiendra compte du niveau de revenu et de la composition du ménage.

Il n’est cependant pour l’instant qu’en phase d’expérimentation dans seulement quatre départements (l’Ardèche, l’Aveyron, les Côtes-d’Armor et le Pas-de-Calais) et ne sera généralisé dans toute la France qu’à partir du 1er janvier 2018. Il faudra donc attendre encore un an pour que l’ensemble des Français et ce quelle que soit leur énergie de chauffage, puisse enfin en bénéficier.

Quel accompagnement pour la transition énergétique ?

Deux difficultés majeures sont à dépasser pour envisager une possible évolution des usages. D’une part, plus des 2/3 des ménages français chauffés au fioul domestique ne sont pas raccordés au réseau de gaz, limitant ainsi le champ du possible en terme d’évolution des usages. Deuxième difficulté, celle qui vient d’être exposée précédemment, à savoir la difficulté pour le ménage de mobiliser une partie de ses revenus, non seulement pour se chauffer, mais davantage encore pour changer son équipement de chauffage. Et pourtant, 21% des Français chauffés au fioul domestique ont une chaudière de plus de 20 ans, nécessairement moins performante que les chaudières nouvelle génération, dîtes chaudières à condensation. Il n’a par ailleurs guère plus de marges de manœuvre financières pour isoler ses combles, et pourtant cela permettrait de traiter la première cause de déperdition de chaleur d’une habitation de ce type (25 à 30%).

Les Français souhaitent-ils réduire leur consommation et donc leur facture d’énergie ? La question de la volonté ne se pose plus désormais, tant les mentalités ont rapidement évolué ces dernières années. C’est la question des moyens qui est aujourd’hui posée, tant à l’échelle du ménage qu’à l’échelle des pouvoirs publics. Et c’est notamment la question de l’accès aux foisonnements d’incitations en tout genre (CITE, Eco-PTZ, isolation des combles pour 1 euro, TVA réduite, etc.) qui est posée, tant le consommateur éprouve bien des difficultés à s’y retrouver dans cette jungle de mesures toutes plus  »ésotériques » les unes que les autres.

Parce qu’aucun Français quelle que soit l’énergie qu’il utilise pour se chauffer en hiver ne doit être montré du doigt mais au contraire accompagné, parce que tout un chacun doit contribuer équitablement à l’effort collectif de transition, parce que la sobriété énergétique doit être au cœur de nos préoccupations et de nos usages et parce qu’il n’existe aucune source unique d’énergie, pourquoi taxer davantage encore les 10 millions de Français chauffés au fioul domestique, quand on sait combien le phénomène de précarité énergétique les touche ?

La transition énergétique est une obligation pour tous, mais elle ne se fera pas sans l’aide des Français, qu’il s’agit moins de matraquer fiscalement que d’accompagner (simplement) vers davantage d’efficacité énergétique.

Crédit photo : @EDF – Bruno Conty

 

 

Le site de FioulReduc.com 

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COMMENTAIRES

  • le meilleur moyen d’économiser sur sa facture de fioul est de passer par le regroupement. Nous faisons cela depuis maintenant plusieurs années via le site Poemop et le gain n’est pas négligeable.

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