2022-2027 : osons la sobriété !

Par Frédéric Lafage, président de la Fédération Cinov

Le quinquennat qui s’achève aura été marqué par une multiplicité de crises – sociale, économique, sanitaire, géopolitique – et par l’aggravation de la situation environnementale. Pour faire face aux défis des cinq années à venir, le Président de la République devra se montrer plus que jamais ambitieux sur la question environnementale, et audacieux pour accompagner les Français fragilisés par les mutations numériques, économiques et sociétales, de plus en plus rapides et soudaines.

La sobriété n’est pas la dégradation de nos modes de vie

Alors que les dernières prédictions du GIEC nous laissent trois ans pour redresser la barre, le futur exécutif ne pourra concevoir, dans un délai si court, une action isolée ou se contenter de mesures cosmétiques. Nous devons agir plus vite, plus fort et collectivement.

Chaque jour, les acteurs économiques, qu’ils soient publics ou privés, s’appuient déjà sur l’expertise des entreprises dans les territoires pour concevoir leurs projets d’envergure : un hôpital, un écoquartier, une expérience culturelle, une solution de mobilité douce, une organisation d’entreprise ou encore un service numérique.

C’est pourquoi les TPE-PME de l’ingénierie, du conseil et du numérique sont en première ligne pour faire évoluer les usages et améliorer les façons de faire. Autrement dit, elles doivent aider les décideurs de terrain à changer de paradigme, à oser la sobriété.

Au niveau des collectivités locales, la sobriété se traduit par des choix simples, guidés par le bon sens : optimiser le taux d’usage d’un bâtiment plutôt que de les démultiplier, rapprocher les activités humaines pour recréer une vie de quartier et limiter nos trajets, décider de la coupure des éclairages nocturnes pour la tranquillité des riverains et celles des espèces.

Au-delà des gains énergétiques apportés, la sobriété n’est plus synonyme d’austérité, mais bel et bien un levier évident d’amélioration de la qualité de vie.

L’exemple d’une sobriété désirable et réaliste : la rénovation sensorielle globale

La politique de rénovation énergétique des bâtiments s’est fortement accélérée au cours du dernier quinquennat. Il convient de poursuivre ces efforts, et de tendre vers une rénovation sensorielle globale, c’est-à-dire une rénovation qui intègre la dimension acoustique, la qualité de l’air et le respect de la biodiversité.

Une telle définition de nos ambitions permettrait à chacun de se loger dans des conditions dignes et décentes, et de réaliser par ailleurs de substantielles économies – le bruit coûtant chaque année 150 milliards d’euros aux Français, et la mauvaise qualité de l’air 100 milliards. Une aberration à laquelle il faut mettre fin rapidement !

Une autre piste d’action consisterait à intégrer un accompagnement biodiversité à tout projet d’aménagement et de construction – notamment par la réalisation d’un diagnostic écologique afin de limiter la destruction ou la perturbation d’espèces végétales et animales.

Cette mesure, qui renforcerait l’harmonie entre les hommes et la nature, constitue la première étape pour atteindre l’objectif qui doit être celui du prochain gouvernement et de la société dans son ensemble : rendre la sobriété désirable, à tout le moins plus désirable qu’elle ne l’est aujourd’hui.

 Face à ces transitions à l’œuvre, qui sont autant d’opportunités pour l’avenir, il faudra au prochain président (ou à la prochaine présidente) de la République, ainsi qu’à son équipe, du courage pour rompre avec les habitudes, mais aussi la volonté de s’appuyer sur toutes les parties prenantes au sein des territoires.

 

commentaires

COMMENTAIRES

  • Texte plein de bon sens. Pour financer cette sobriété, essayons de mieux utiliser l’argent public.
    Que nos taxes soient affectées à la rénovation plutôt qu’ à une production supplémentaire et à la dégradation du cadre de vie. Un exemple…les éoliennes chères et non indispensables.

    Répondre
  • Dur de vivre en appartement, dans un espace densifié, lorsque ses voisins ne respectent rien.
    Isolation acoustique indispensable, caméras, punition effective des incivilités.
    Le chantier est immense, mais quel politique va oser s’y atteler ??

    Répondre
  • C’est vrai aussi dans les transports en commun et dans de nombreux autres endroits: personnes qui hurlent à leur téléphone portable, qui mettent la musique à fond.

    Répondre
  • Bonjour,
    En « passant » je lis dans La Tribune que
    « Le Crédit agricole Alsace-Vosges investit 60 millions d’euros dans la démolition reconstruction de sa direction régionale à Strasbourg »
    Pas sûr que le bilan carbone fasse parti du projet ?

    Répondre
  • L’an dernier La Chine a réalisé sa plus grande vague de construction de centrales électriques au charbon depuis 2015. En 2022, 106GW de nouveaux projets ont été approuvés. Rien qu’en 2020, sur les 55GW raccordés à leur réseau dans le monde, 35GW étaient en Chine.
    Pour se rendre compte : https://www.planetoscope.com/Source-d-energie/1036-consommation-de-charbon-en-chine.html
    C’est très bien de réaliser le maximum d’économies d’énergie en France, mais on ne sauvera pas la planète… En revanche, si l’Europe arrêtait d’acheter des panneaux solaires Chinois, ça ferait une très bonne réduction en termes d’émissions carbone.

    Répondre
  • Il y a au moins 20 ans, l’ANAH avait lancé un sondage auprès des habitants.
    On leur demandait quel était leur souci principal vis à vis de leur habitat.
    Réponse majoritaire : le BRUIT !
    Or, le BRUIT porte les gens vers l’habitat individuel.
    Conséquence directe, on ne veut pas vivre dans de l’habitat collectif.
    On va donc à l’encontre des économies d’énergie et on accélère la bétonnisation.
    L’INVERSE de ce qu’il faut faire ! On réfléchit ?

    Répondre
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