nucléaire

Nucléaire : le livre blanc de la SFEN

À deux mois du premier tour de l’élection présidentielle, la Société Française d’Énergie Nucléaire (SFEN) a publié un livre blanc à l’attention des futurs candidats. Il s’agit d’une grande première pour cette association scientifique, qui milite pour la diffusion de la connaissance sur les sciences du nucléaire. L’objectif du document est de donner une nouvelle ambition à la filière nucléaire et d’alimenter le débat grâce à 6 « propositions ». 

Faire de la France le pays où s’invente le nucléaire du futur

À l’heure où la communauté internationale assiste à un regain d’intérêt autour des technologies nucléaires, la SFEN appelle les candidats à faire preuve d’ambition pour la filière française. L’enjeu est doublement de taille : il s’agit d’une part de favoriser la recherche de nouvelles solutions bas carbone pour lutter contre le réchauffement climatique, et d’autre part de travailler à l’indépendance technologique et énergétique de notre pays.

Les auteurs de l’étude estiment que la France possède « tous les atouts pour participer aux initiatives venues des quatre coins du monde et devenir le pays où s’inventera le nucléaire du futur. La filière nucléaire française est engagée dans les programmes d’industrie du futur et investit déjà pour développer les réacteurs de demain. Elle dispose des compétences et infrastructures en matière de R&D, des technologies et savoir-faire industriels pour faire partie des leaders mondiaux du nucléaire du futur ».

Plus concrètement est préconisé le lancement d’une mission « French Tech Nucléaire » qui aura pour vocation d’être un accélérateur d’innovation : l’objectif est de fédérer les acteurs de la filière, attirer les talents du monde entier et promouvoir un esprit entrepreneurial français autour des systèmes nucléaires qui sont amenés à naître dans les années à venir.

La seconde proposition de la SFEN est d’engager un choc de simplification afin d’améliorer l’efficacité de la chaîne de contrôle de l’Autorité de Sûreté Nucléaire, un processus administrativement complexe qui montre ses limites en termes d’efficacité et qui pèse sur la compétitivité de la filière. « Nous avons à ce titre recommandé la mise en place d’un groupe de travail multi-parties sous l’autorité de l’État pour identifier les opportunités de simplification de la réglementation », explique Valérie Faudon, Déléguée générale de la SFEN.

Le nucléaire pour verdir l’économie française

Les auteurs du livre blanc estiment, dans une troisième proposition, que la France doit s’appuyer sur les spécificités de son mix électrique (décarboné à plus de 90% grâce au nucléaire et aux énergies renouvelables) pour faire face à l’urgence climatique et réduire drastiquement ses émissions de gaz à effet de serre. L’objectif est de faire de cette électricité bas carbone le pilier de notre transition énergétique.

« Nous disposons d’une électricité décarbonée qu’il est possible d’utiliser pour décarboner d’autres secteurs comme les transports[responsable de 29% des émissions de CO2 françaises, ndlr] et l’habitat où se concentrent l’essentiel de la consommation d’énergies fossiles. Certains pays ont des ressources naturelles exceptionnelles comme l’Islande, la Norvège, le Costa Rica et d’autres ont misé sur le nucléaire et les renouvelables comme la France, la Suède ou la Suisse ».

La SFEN plaide par exemple pour la démocratisation de l’électromobilité : il s’agirait de fixer un objectif de 45% de véhicules électriques et hybrides à l’horizon 2050. Un effort qu’il faudra soutenir grâce à l’installation de 7 millions de points de recharge d’ici 2030 et le maintien des aides publiques pour l’achat d’une voiture électrique jusqu’à ce que cette technologie devienne compétitive.

Dans cette optique de décarboner notre économie, la proposition 4 vise à faire de la réduction des énergies fossiles polluantes (pétrole, gaz et charbon) un des axes de travail prioritaire de la transition énergétique. La SFEN préconise pour cela de renforcer le socle nucléaire pour continuer à produire une électricité bas carbone compétitive. Et donc de progressivement le renouveler à l’horizon 2030 : la France « pourra s’appuyer sur le retour d’expérience des quatre réacteurs EPR mis en service d’ici 2018 ainsi que des deux unités construites au Royaume-Uni. En parallèle, la filière française a lancé un nouveau projet qui engage l’ensemble de la chaîne de valeur : le développement d’un nouveau réacteur, l’EPR-NM (Nouveau Modèle), dont l’objectif est de réduire les coûts entre 25 et 30% ».

Impulser une nouvelle politique nucléaire à l’échelle européenne

« L’énergie nucléaire permet de protéger la France des aléas des marchés des matières premières énergétiques et d’afficher des résultats exemplaires. Le taux d’indépendance énergétique de la France, qui est de 55,8 %, est l’un des plus élevés de l’Union européenne ». C’est dans ce cadre-là que la SFEN propose, dans sa cinquième proposition, de mettre en place des mécanismes de marché pour rémunérer équitablement les sources d’électricité bas carbone.

Enfin, la sixième et dernière proposition vise à impulser une nouvelle politique nucléaire à l’échelle européenne. Rappelant l’importance de l’atome dans le mix électrique de l’Union Européenne, la SFEN appuie l’idée d’une mise en synergie du potentiel nucléaire européen. Il s’agit dès aujourd’hui de réfléchir à une stratégie nucléaire commune, en coordonnant les efforts des pays membres, pour atteindre les objectifs climatiques et garantir l’indépendance énergétique du Vieux Continent.

Les auteurs du livre blanc proposent de décliner au niveau européen les mesures évoquées au niveau national. Ils évoquent notamment la nécessité d’encourager les investissements dans les projets nucléaires (réformer le marché européen de l’électricité, rendre accessible les projets nucléaires aux dispositifs de financement européen…) ou encore l’institution de mécanismes de marchés adaptés et équitables pour les sources d’énergie bas carbone.

Crédit photo : François Goglins

 

Le livre blanc 2017 de la SFEN 

commentaires

COMMENTAIRES

  • Cet article nous propose une vision très orientée de la situation, focalisée sur les avantages du nucléaire: c’est bien! Mais ce n’est suffisant pour se poser les bonnes questions et donc apporter les bonnes réponses. De mon point de vue, il manque la description de la situation de l’envers du décor et en particulier:
    – l’évolution des coûts de production de l’énergie nucléaire
    – le financement nécessaire au développement d’un tel programme, compris les sommes dédiées au soutien de l’activité industrielle nucléaire française
    – le niveau de création d’emplois attendu comparé à celui que pourrait permettre le développement en parallèle d’autres filières énergétiques
    – une projection du marché que représentera le nucléaire au regard de l’évolution des opinions publiques et des autres sources de production d’électricité
    – une vision de l’avenir des déchets car l’impact environnemental d’une technologie ne se limite pas aux émissions de CO2 comme le laisse penser à tort la formulation des objectifs européens.

    Dès lors, fort d’une vision plus complète, les questions auxquelles il faut répondre sont plutôt:
    – jusqu’à quel niveau avons-nous besoin du nucléaire, aujourd’hui, demain, dans 20ans, dans l’optique de trouver le meilleur compromis entre coût de l’énergie, disponibilité, indépendance énergétique et impact environnemental ?
    – quelle évolution de la proportion de grandes centrales de production (quelle que soit la technologie) faut-il prévoir pour ne pas se retrouver en surcapacité durable compte tenu de toutes les évolutions observées, notamment l’émergence d’unités locales et distribuées fonctionnant sur base d’énergie renouvelable?
    – comment répartir nos efforts de recherche et de développement économique entre toutes les filières énergétiques

    Ces questions ne nous posent pas en promoteur ou adversaire du nucléaire ou de toute autre moyen de production d’électricité. Le manichéisme et les émotions nous tuent et ont figé le débat, l’action et la raison à propos de notre politique énergétique. Nous devons nous placer en gestionnaires avisés de l’évolution de notre système énergétique et définir sereinement et justement la place que le nucléaire doit y tenir.

    Répondre
commenter

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

on en parle !
Partenaires
20 nov 2015
Les principales causes de mortalité dans le monde : mise en perspective
20 nov 2015
Les principales causes de mortalité dans le monde : mise en perspective
20 nov 2015
Les principales causes de mortalité dans le monde : mise en perspective
20 nov 2015
Les principales causes de mortalité dans le monde : mise en perspective
20 nov 2015
Les principales causes de mortalité dans le monde : mise en perspective
20 nov 2015
Les principales causes de mortalité dans le monde : mise en perspective
20 nov 2015
Les principales causes de mortalité dans le monde : mise en perspective
20 nov 2015
Les principales causes de mortalité dans le monde : mise en perspective
20 nov 2015
Les principales causes de mortalité dans le monde : mise en perspective
20 nov 2015
Les principales causes de mortalité dans le monde : mise en perspective
20 nov 2015
Les principales causes de mortalité dans le monde : mise en perspective
20 nov 2015
Les principales causes de mortalité dans le monde : mise en perspective