Les prévisions de production d’énergies fossiles mettent en péril les objectifs climatiques

Un rapport international révèle que la production de charbon, de pétrole et de gaz prévue d’ici à 2030 excède largement les volumes compatibles avec l’accord de Paris. L’écart s’est même accentué depuis la précédente évaluation, révélant un fossé croissant entre les discours politiques et les plans réels de production.

Des trajectoires en contradiction avec l’accord de Paris

À moins de deux mois de la COP30, qui se tiendra en novembre au Brésil, plusieurs instituts de référence tirent la sonnette d’alarme. Selon leur rapport publié lundi, les gouvernements du monde entier prévoient une augmentation continue de la production d’énergies fossiles d’ici la fin de la décennie, à des niveaux jugés « radicalement incompatibles » avec les trajectoires climatiques nécessaires pour limiter le réchauffement planétaire.

« Les gouvernements, au total, prévoient de produire beaucoup plus d’énergies fossiles que ce qui serait cohérent avec une limitation du réchauffement mondial entre 1,5 °C et 2 °C », a souligné Derik Broekhoff, coauteur de l’étude et chercheur à l’Institut de l’environnement de Stockholm (SEI).

Les chiffres sont sans appel : la production prévue en 2030 représente 120 % de plus que le volume compatible avec la limite de 1,5 °C, objectif phare de l’accord de Paris. Même pour la cible moins ambitieuse, celle de 2 °C, l’écart demeure considérable : +77 %.

Un fossé qui se creuse

Comparé au précédent rapport, publié en 2023, la situation s’aggrave. Non seulement les perspectives de réduction n’ont pas progressé, mais elles se sont inversées. La Chine, premier consommateur mondial de charbon, a révisé ses prévisions en anticipant un déclin plus lent qu’initialement annoncé. En parallèle, le gaz naturel, et particulièrement sa version liquéfiée (GNL), connaît un regain d’intérêt alimenté par les crises énergétiques et géopolitiques récentes.

Résultat : l’écart entre les engagements climatiques affichés sur la scène internationale et les politiques énergétiques effectives se creuse. « Nous constatons une déconnexion persistante, voire croissante, entre les ambitions et les plans concrets », note le rapport corédigé avec l’Institut international du développement durable (IISD) et l’ONG Climate Analytics.

Les pays producteurs sous le feu des critiques

L’étude se concentre sur les 20 principaux producteurs d’énergies fossiles dans le monde, parmi lesquels figurent les États-Unis, la Chine, l’Arabie saoudite, la Russie, l’Inde et le Brésil. Dix-sept d’entre eux prévoient d’augmenter leur production dans au moins un segment (charbon, pétrole ou gaz) d’ici à 2030. Plus frappant encore : onze de ces pays ont revu leurs prévisions à la hausse depuis 2023.

Cette tendance contraste fortement avec les déclarations faites lors de la COP28 de Dubaï, en 2023, où les États avaient entériné, pour la première fois, l’idée d’une « transition vers une sortie des combustibles fossiles ». Or, loin d’entamer ce virage, la plupart des producteurs continuent d’investir massivement dans de nouveaux gisements, infrastructures et contrats d’exportation.

Un appel à inverser la tendance

Les auteurs du rapport appellent les gouvernements à présenter, d’ici la COP30, des feuilles de route radicalement différentes, capables de réorienter les trajectoires. Faute de quoi, préviennent-ils, l’objectif de limiter le réchauffement à 1,5 °C s’éloignera définitivement.

Les experts rappellent que l’utilisation massive des énergies fossiles reste la première cause du réchauffement climatique d’origine humaine. Chaque nouveau projet d’exploitation prolonge la dépendance mondiale à ces sources d’énergie, compromettant le développement des alternatives renouvelables.

Une bataille politique et économique

Derrière ces prévisions, se cache une réalité géopolitique et économique. Pour de nombreux pays producteurs, les hydrocarbures représentent une source majeure de revenus et de stabilité politique. Dans le contexte actuel d’instabilité mondiale, beaucoup privilégient la sécurité énergétique immédiate à la transition de long terme.

Pourtant, les scientifiques sont clairs : atteindre les objectifs climatiques impose de réduire dès maintenant la production et la consommation de charbon, de pétrole et de gaz. La poursuite de trajectoires expansionnistes, à rebours des engagements internationaux, met en péril non seulement la crédibilité des COP mais aussi l’avenir climatique de la planète.

commentaires

COMMENTAIRES

  • Le capitalisme n’a rien à voir avec ce problème, il n’est qu’un outil parmis d’autres, ce sont les humains et leurs décisions qui comptent.
    Etonnant que notre « ingénieur » si compétent en tout se retrouve dans le camp des idéologies anticapitalistes !

    Répondre
  • Je lis, dans cet article (je cite):  » Dans le contexte actuel d’instabilité mondiale, beaucoup privilégient la sécurité énergétique immédiate à la transition de long terme. »
    C’est évident, en effet, et votre média s’inscrit -hélas !- dans cette direction, en soutenant surtout, contre toute logique, le développement des ENR (notamment l’éolien et le PV) qui relèvent, manifestement des « solutions » (?) de court terme, et en ignorant, sans doute par idéologie (?) la véritable solution « de long terme »: le nucléaire, avec sa « prolongation » évidente, mais toujours repoussée, de la 4ème génération (R.N.R) avec l’abandon stupide de « Superphénix » et de « ASTRID », projets pour lesquels la France avait pourtant acquis une avance enviable sur ses ‘concurrents, en s’assurant ainsi une indépendance importante… sur le LONG TERME !…
    Question: POURQUOI ?

    Répondre
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