« Le discours que nous portons est celui de la responsabilité de la filière forêt-bois dans la transition écologique », Christelle Chaminadas, chargée de mission développement et animation réseau, Fransylva
Dans un contexte où la lutte contre le changement climatique est plus que jamais au centre des préoccupations, la filière forêt-bois se positionne comme un acteur clé de la transition écologique. Christelle Chaminadas, chargée de mission développement et animation réseau au sein de Fransylva, revient sur les enjeux majeurs portés par la filière, notamment lors du Salon de l’Agriculture.
1. La forêt et le bois occupent une place de plus en plus visible au Salon de l’Agriculture. Pourquoi est-il essentiel que la filière soit représentée dans cet événement ?
La filière forêt-bois rassemble plus de 417 000 femmes et hommes, dont l’activité est majoritairement ancrée dans les territoires. Il était donc naturel que la filière trouve toute sa place au Salon de l’Agriculture, qui est un rendez-vous incontournable pour les acteurs du monde rural.
L’organisation de cette présence repose sur Fransylva, mandatée par la filière pour coordonner cet espace dédié. Ce choix s’explique par la proximité entre les sylviculteurs et les agriculteurs. Tous deux travaillent le vivant et font face aux aléas climatiques et environnementaux, mais à des échelles de temps différentes. L’agriculture repose sur des cycles annuels, tandis que la forêt s’inscrit dans une temporalité de plusieurs décennies, voire de plusieurs siècles. Cette dimension temporelle, bien que différente, ne change pas la réalité commune : la gestion durable des ressources naturelles.
L’objectif est donc double : faire comprendre au grand public et aux décideurs que la filière forêt-bois est une actrice à part entière du monde rural et qu’elle joue un rôle majeur dans la transition écologique et énergétique de notre pays pour répondre aux besoins des Hommes, protéger et régénérer le vivant et lutter contre le changement climatique.
2. Votre présence au Salon de l’Agriculture n’est pas une première. En quoi cette édition marque-t-elle une évolution ou une nouveauté pour la filière forêt-bois ?
Le changement majeur s’est opéré lors de l’édition précédente, avec une refonte complète du dispositif pour le rendre plus attractif et pédagogique. L’objectif était de mieux accueillir les familles et les enfants en proposant des animations immersives autour de la forêt et du bois.
Un autre axe essentiel de notre présence est la rencontre avec les propriétaires forestiers, et en particulier ceux qui ignorent les responsabilités qui les incombent. Beaucoup de parcelles boisées appartiennent à des agriculteurs ou à des particuliers qui ne se considèrent pas comme gestionnaires de forêts. Notre mission est donc de les informer sur leurs rôles et leurs responsabilités afin de favoriser une gestion durable de ces espaces.
Enfin, cette édition est marquée par une reconnaissance de notre engagement en faveur d’une présence respectueuse de l’environnement. Nous avons remporté le trophée du stand le plus éco-responsable, un titre qui vient récompenser l’approche de tous les acteurs de la filière en charge d’évènements de ce type. En effet, notre stand est entièrement conçu en bois, sans plastique, avec des éléments qui sont réutilisés dans les différents salons où la filière forêt bois est présente. La végétation, en pot, est replantée en pépinière après l’événement. Même nos goodies sont pensés en ce sens, avec des objets en bois français ou en papier recyclé certifié PEFC et garantissant la gestion durable des forêts.
Nous avons également conçu le stand pour proposer une expérience immersive avec un photobooth en forêt et des fresques ludopédagogiques. L’objectif est clair montrer combien la filière forêt-bois est utile et engagée pour construire un avenir durable pour tous en préservant la nature dans sa diversité.
3. Face aux défis climatiques, économiques et sociétaux, quel discours portez-vous sur ces enjeux lors d’événements comme le Salon de l’Agriculture ?
Le discours que nous portons est celui de la responsabilité de la filière forêt-bois dans la transition écologique. Nous devons préparer les forêts de demain, les aider à s’adapter progressivement aux changements climatiques et transmettre des forêts en bonne santé aux générations futures. Il est également crucial de développer les usages du bois, car ce matériau renouvelable joue un rôle clé dans la décarbonation de la société, en contribuant à la séquestration du carbone.
Il est essentiel de rappeler que le bois est un excellent stockeur de carbone, et que la forêt est l’un des plus grands capteurs de carbone, après les océans. Lorsque le bois est transformé et utilisé dans la construction, par exemple, il permet de stocker ce carbone pendant des siècles. Le bois ne sert pas seulement à stocker et séquestrer le carbone, mais aussi de substitut à des matériaux plus polluants ou énergivores.
D’ailleurs, il y a trois aspects à considérer : la séquestration du carbone, le stockage du carbone dans le bois, et la substitution de matériaux polluants. Ces trois fonctions sont essentielles pour comprendre le rôle de la filière forêt-bois dans la lutte contre le changement climatique.
Il est aussi important de souligner la multifonctionnalité des forêts. En France, nos forêts ont un rôle spécifique regroupant plusieurs fonctions : elles produisent du bois, mais elles sont aussi des réserves de biodiversité, des régulateurs du climat, et des espaces de loisirs. Il est crucial de rappeler que les forêts ne servent pas uniquement à produire du bois, elles ont des fonctions écologiques et sociales incontournables.
Sur le plan social, les forêts sont créatrices d’emplois ancrés dans les territoires. Ce n’est pas une simple expression, mais une réalité : elles sont un moteur économique pour de nombreuses régions. De plus, elles offrent des espaces de loisirs pour de nombreux usagers. Cependant, il faut reconnaître que ces usages peuvent parfois entrer en conflit. Par exemple, un cavalier et un motard n’ont pas nécessairement les mêmes attentes d’une forêt. Ces différences de perception et d’usage nécessitent une pédagogie continue et des échanges entre les divers usagers.
Le Salon de l’Agriculture est justement un excellent lieu pour échanger sur ces enjeux et mieux expliquer le rôle essentiel que joue la filière forêt-bois, ainsi que les défis qu’elle rencontre.
COMMENTAIRES
C’est bien d’avoir ce rapide aperçu !
Pour le Bois énergie, il faut rappeler que c’est un ENR PILOTABLE !!! (et pas variable par Intermittence !!!)
Un des gros problèmes est le manque de débouchés pour le Bois énergie dans bien des zones bocagères de France, donc les agriculteurs continuent de détruire des Haies (parfois et souvent centenaires) pour optimiser leurs terrains et la rentabilité de leurs exploitations… Vu leurs revenus, on ne peut pas les blâmer par endroit… Si des politiques publiques de soutien ne sont pas mises en place, et malgré les plans de plantation subventionnés, on va se retrouver avec des situations « cocasses » ou les vieilles Haies continueront de disparaitre tandis que de nouvelles (pas forcément pérennes) seront plantées…
Si la filière Bois-énergie n’est pas mieux gérée au niveau local cela peut devenir un sujet « Brulant » par endroit !!!
Il faut toutefois regarder d’un peu plus près les phénomènes de pollution aux particules fines (et l’impact sur la santé humaine) par l’usage du bois-énergie dans le chauffage domestique et les chaufferies à biomasse : https://www.airparif.fr/actualite/2025/pollution-de-lair-les-petites-chaufferies-biomasse-sous-la-loupe-dairparif#:~:text=La%20combustion%20du%20bois%20est,%C3%A0%202%2C5%20microm%C3%A8tres).
@Cochelin,
Vous avez raison !!! Mais il faut aussi regarder les pollutions locales ET moins locales de la Pollution au Gaz FOSSILE qui sont nombreuses et de divers ordres si on regarde largement le spectre des « Pollutions »…
Perso, je préfère me polluer un peu les poumons aux particules fines à base de bois que de polluer l’avenir de mes enfants avec des montages de relations diplomatico-énergético-politiques avec de multiples sous-jacents dont un exemple a lieu en Europe de l’Est actuellement et largement du à une dépendance importante au Gaz Fossile…
Le Bois-énergie sera de plus en plus une énergie d’Appoint et comme elle est pilotable … Si quelques jours par an il faut s’abstenir de faire du sport et/ou des activités extérieures en certains lieux, ainsi soit-il ! (Il y a peu la France était massivement polluée au Diesel – camions, bus et centrales électriques ultra-polluantes – au Charbon en bien des lieux, etc … et bien des générations ont grandi dans cet environnement…)
(Pour le BioGaz et vu les changements climatiques en cours, mettre la barre haute est une inepsie sans nom ! Sauf si on s’en fout d’affamer certains pays du Sud tout en brulant des plantes comestibles… )