La stratégie d’ADNOC face à la transition énergétique mondiale

Alors que le secteur énergétique traverse une période d’incertitude prolongée, marquée par la volatilité économique, les tensions géopolitiques et la pression croissante des objectifs climatiques, la Compagnie nationale pétrolière d’Abou Dhabi (ADNOC) s’affirme comme un contre-exemple notable. En 2024, alors que plusieurs grands groupes européens — TotalEnergies, Shell, BP, Equinor ou Eni — ont enregistré une baisse marquée de leurs bénéfices, ADNOC affiche une progression de 32 % de son chiffre d’affaires, dépassant les 4 milliards de dollars.

Depuis son introduction en bourse en 2021, l’entreprise a plus que doublé son bénéfice net annuel, atteignant 1,3 milliard de dollars l’an dernier. Les dividendes versés à ses actionnaires, estimés à 788 millions de dollars, devraient encore croître de 10 % en 2025. Une performance qui contraste avec les difficultés rencontrées par de nombreux acteurs traditionnels du secteur.

Diversification accélérée

Cette solidité repose sur une stratégie de diversification accélérée. ADNOC, longtemps concentrée sur le pétrole brut et le gaz naturel, a pris le virage des énergies renouvelables et des matériaux de haute technologie. En 2023, elle s’est notamment emparée du groupe allemand Covestro, spécialiste des polymères et du recyclage, pour 16,3 milliards de dollars. Une acquisition majeure qui ouvre au groupe émirati des perspectives nouvelles, bien au-delà de ses activités historiques.

À travers sa coentreprise TA’ZIZ, ADNOC a également investi 3,7 milliards de dollars pour développer une filière chimique locale à Abou Dhabi. Une initiative en ligne avec la volonté des autorités émiriennes de réduire la dépendance du pays aux hydrocarbures et de renforcer ses capacités industrielles.

Objectifs climatiques renforcés

Consciente des évolutions du marché et des impératifs environnementaux, ADNOC a annoncé en août 2023 l’avancement de ses objectifs climatiques : la neutralité carbone est désormais visée pour 2045, cinq ans plus tôt qu’initialement prévu. Le groupe s’engage également à éliminer ses émissions de méthane d’ici 2030, rejoignant ainsi un nombre croissant d’acteurs pétroliers cherchant à atténuer leur impact climatique.

Au-delà de la réduction de ses propres émissions, ADNOC investit dans des projets de préservation de la biodiversité et de restauration des écosystèmes. Le développement de solutions basées sur la nature fait désormais partie intégrante de sa stratégie de durabilité.

Maintenir un équilibre énergétique

Si ADNOC affirme sa volonté d’évoluer vers une économie bas carbone, elle souligne néanmoins que le pétrole et le gaz conserveront un rôle clé dans le mix énergétique mondial, en particulier dans les économies émergentes. La guerre en Ukraine et la reconfiguration des marchés énergétiques ont rappelé, selon le groupe, l’importance d’un approvisionnement stable et sécurisé.

Dans cette optique, ADNOC poursuit l’optimisation de ses activités conventionnelles en recourant massivement aux technologies numériques et à l’intelligence artificielle. L’amélioration de l’efficacité énergétique et la réduction de l’empreinte carbone de ses opérations figurent parmi ses priorités immédiates.

Un cas d’école en matière d’adaptation

À contre-courant des difficultés rencontrées par une partie de l’industrie, ADNOC apparaît ainsi comme un modèle d’adaptation. Son approche, fondée sur la diversification de ses activités, l’accélération de ses engagements climatiques et l’intégration des technologies émergentes, lui permet de consolider sa position sur la scène énergétique mondiale.

Dans un secteur en pleine mutation, où les certitudes d’hier sont sans cesse remises en cause, la trajectoire d’ADNOC illustre la capacité de certaines entreprises à conjuguer adaptation stratégique et croissance soutenue.

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COMMENTAIRES

  • Ceux qui s’accrochent au rocher qui leur a permis de bien vivre de longues années et qui refusent de s’en éloigner sont perdus d’avance comme en temoigne l’histoire, ils disparaissent inéluctablement balayés par les vents nouveaux, et au mieux y laissent leur leadership …. Kodak, IBM…et bien d’autres.

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