Moscou affirme avoir franchi une étape décisive dans le développement de Poséidon, une arme sous-marine présentée comme capable de générer des vagues gigantesques et radioactives. Selon les autorités russes, ce drone-torpille, doté d’une charge nucléaire d’une puissance inédite, pourrait anéantir des zones côtières entières. Une annonce qui alimente les inquiétudes autour d’une nouvelle forme de menace stratégique, même si les spécialistes tempèrent la portée réelle de l’engin.

Poséidon, un drone nucléaire présenté comme « inarrêtable »

Dans la doctrine russe, Poséidon n’est pas un missile mais un UUV, un drone autonome sous-marin. Long d’environ vingt mètres et capable, selon plusieurs experts, d’atteindre 185 km/h, il serait conçu pour parcourir jusqu’à 10 000 kilomètres sans être repéré. Une portée suffisante pour viser n’importe quelle côte ennemie, y compris San Francisco, située à 6 000 kilomètres de l’extrême est russe.

Les analystes estiment que Poséidon pourrait embarquer une ogive de deux mégatonnes, soit cent fois la puissance des bombes d’Hiroshima et de Nagasaki. Moscou soutient que la détonation de ce dispositif pourrait générer un tsunami radioactif, capable de submerger les villes littorales. Cette capacité fait cependant débat dans la communauté scientifique, certains jugeant le scénario exagéré ou techniquement improbable.

Un premier tir depuis un sous-marin

En octobre 2025, Poséidon a été lancé pour la première fois depuis un sous-marin nucléaire, lors d’un essai largement relayé par les médias officiels. Vladimir Poutine a affirmé que cette arme était désormais impossible à intercepter et plus rapide que tout navire moderne. Il s’en est félicité lors d’une visite auprès de soldats blessés, renforçant l’idée que ces démonstrations s’inscrivent autant dans une logique militaire que politique.

Le développement de Poséidon remonte à 2015, lorsque des plans avaient fuité à la télévision russe. Les essais se multiplient depuis 2018, alimentant le flou autour du niveau réel d’avancement du projet.

Des effets dévastateurs liés à la contamination radioactive

Si la capacité de Poséidon à générer un véritable tsunami reste discutée, sa puissance nucléaire ne fait, elle, guère de doute. Une explosion sous-marine soulèverait d’importantes quantités de sédiments contaminés. Stephen Schwartz, spécialiste des armes nucléaires, rappelle que les radiations persistent très longtemps dans l’eau et contaminent durablement les écosystèmes.

Les précédents historiques le confirment. L’atoll de Bikini, où les États-Unis ont mené 24 essais nucléaires après la Seconde Guerre mondiale, demeure aujourd’hui trop radioactif pour permettre la pêche ou l’habitation, plus de soixante ans après les dernières explosions.

Une nouvelle salve dans la course aux armements

Poséidon n’est pas la seule arme expérimentée par la Russie. Quelques jours avant son test, Moscou annonçait également un essai réussi du missile « Burevestnik », censé parcourir 14 000 kilomètres en 15 heures. Un autre essai nucléaire classique a suivi. Ces déclarations successives entretiennent une impression de démonstration de force, en pleine période de tensions internationales.

Pour certains experts, ces annonces ont surtout une dimension politique. Pavel Podvig, chercheur auprès des Nations unies, estime que le développement de telles armes sert avant tout à envoyer un message aux États-Unis. Washington investit massivement dans de nouvelles capacités de défense antimissile, notamment à travers un projet de « dôme d’or », inspiré du système israélien.

Vladimir Poutine affirme pour sa part que ces programmes ne doivent surprendre personne. Il rappelle que toutes les puissances nucléaires modernisent leur arsenal et que Moscou ne fait qu’adapter son potentiel stratégique. Une manière de répondre aux déclarations de Donald Trump, qui qualifiait récemment la Russie de « tigre de papier » en raison de ses difficultés en Ukraine.