Hausse du prix de l’électricité en France : quelles causes et quelles conséquences ?
Entre investissements colossaux dans le nucléaire, soutien aux énergies renouvelables et modernisation du réseau, l’addition finale pourrait peser lourd sur les consommateurs.
Prix de l’électricité en hausse : une tendance durable
Après une période d’inflation marquée, les Français doivent s’attendre à une nouvelle flambée de leurs factures d’énergie. Les raisons sont multiples : la relance de la filière nucléaire, la modernisation des infrastructures, mais aussi la fin progressive des dispositifs qui maintenaient artificiellement les prix bas, comme l’accès régulé à l’électricité nucléaire historique (Arenh)
« En l’état actuel des choses, à l’horizon 2040-2050, les prix de l’énergie seront plus élevés qu’aujourd’hui », avertit Boris Solier, maître de conférences en économie à l’université de Montpellier. Cette hausse ne concerne pas seulement les ménages : les entreprises industrielles, très dépendantes de l’électricité pour leur compétitivité, devront aussi absorber une partie de ces coûts.
Investissements nucléaires : un coût faramineux
La prolongation de la durée de vie des centrales nucléaires existantes a déjà mobilisé environ 50 milliards d’euros pour renforcer la sûreté et moderniser les installations. Mais le chantier le plus ambitieux reste la construction des six nouveaux réacteurs EPR, annoncés pour 2035-2040.
Officiellement évaluée à 67 milliards d’euros, la facture réelle pourrait grimper à 80, voire 100 milliards. Ces montants dépassent de loin les prévisions initiales et soulèvent des inquiétudes sur leur financement. « Les futurs EPR auront du mal à sortir de l’électricité en dessous de 100 euros le mégawattheure », souligne un expert. À titre de comparaison, la Commission de régulation de l’énergie anticipe un prix de gros autour de 60 euros/MWh dans les prochaines années.
La question devient donc stratégique : faut-il investir massivement dans de nouvelles capacités nucléaires alors que la demande en électricité progresse moins vite que prévue ? Ou privilégier la prolongation du parc existant, qui produit déjà une électricité bas-carbone compétitive ?
Énergies renouvelables : des infrastructures à financer
En 2025, l’État consacre près de 6 milliards d’euros aux énergies renouvelables (ENR). Si les subventions ont tendance à diminuer, leur poids reste significatif. Les contrats de soutien les plus coûteux arriveront à expiration à partir de 2029-2030, ce qui devrait réduire la charge budgétaire. Mais la transition énergétique ne s’arrête pas là : il faudra financer le stockage de l’électricité, indispensable pour compenser l’intermittence du solaire et de l’éolien.
Un modernisation du réseau électrique à financer
Le réseau de transport et de distribution d’électricité, construit pour l’essentiel au XXe siècle, doit aujourd’hui faire face à un double défi : vieillir moins vite et s’adapter au changement climatique et à la décentralisation de la production. Éoliennes en mer, fermes solaires, autoconsommation : ces nouvelles sources d’électricité se multiplient et bouleversent un système historiquement conçu pour des centrales nucléaires centralisées.
Pour autant, selon RTE, les 100 Mds d’euros à investir jusqu’en 2040 vise principalement à adapter le réseau Haute Tension et Très Haute Tension pour faire face à l’évolution de la consommation électrique. Et du côté d’Enedis, les coûts de l’évolution du système de distribution sont évalués à 96 milliards d’ici 2040 pour le renforcement, la modernisation et à la résilience du réseau de distribution face aux évolutions climatiques.
L’enjeu est stratégique : sans réseau moderne et flexible, impossible d’intégrer pleinement les nouvelles capacités ni assurer la stabilité du système.
Quelles solutions pour éviter l’explosion des factures ?
Plusieurs pistes émergent pour limiter la hausse des prix. Certains experts recommandent de concentrer les efforts sur la prolongation de la durée de vie du parc nucléaire actuel et l’optimisation de sa performance. « La France aurait intérêt à mettre le paquet sur la prolongation de la durée de vie du parc existant », estime Boris Solier.
Une autre piste consiste à responsabiliser les producteurs d’énergies renouvelables, en ne rémunérant pas certaines heures de production lorsque les prix de marché sont négatifs. « Par exemple, sur les nouveaux contrats, il y aurait 300 heures de prix négatif par an qu’on ne rémunérerait pas », explique Nicolas Goldberg, spécialiste énergie du think tank Terra Nova.
Enfin, l’électrification de la demande apparaît comme un levier crucial. « Jusqu’ici, nous avons mené une politique de l’offre, centrée sur la production. Il est grand temps de s’occuper de la demande », rappelle le député Raphaël Schellenberger. Encourager les ménages à se tourner vers les pompes à chaleur, soutenir les industries électro-intensives et accélérer l’adoption de la voiture électrique permettraient de stabiliser le système et de donner un sens aux investissements de production.
Une stratégie énergétique à repenser
La France doit trouver un équilibre entre sécurité d’approvisionnement, transition énergétique et protection du pouvoir d’achat. « Dire que les factures d’électricité vont baisser est une hérésie économique », insiste Alexandre Grillat. La future programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) sera décisive : elle devra arbitrer entre investissements nécessaires et risques de surcoûts inutiles.
COMMENTAIRES
« Le réseau devra s’adapter au changement climatique et à la décentralisation de la production. Éoliennes en mer, fermes solaires, autoconsommation : ces nouvelles sources d’électricité se multiplient et bouleversent un système historiquement conçu pour des centrales nucléaires centralisées »
Donc rapprocher les sites de production de ceux de consommation, minimisant le besoin de faire transiter de fortes puissances sur de longues distances comme avec la production hyper centralisée ayant conduit au réseau mal adapter aux renouvelables que nous avons aujourd’hui. C’est donc une erreur de persister dans cette anomalie historique avec les construction de ces EPR nouveaux.
La meilleure solution est certainement de faire durer le nucléaire amorti en attenadant d’avoir construits suffisamment de parcs éoliens notamment en mer dont les cotes baignent la plus longues partie des frontieres françaises et ou se trouvent les villes importantes. Dans le même temps nous auront eu aussi le temps de multiplier les surafaces de capturres solaires notamment en toiture et de développer les dispositifs de stockage tant en batteries pour assurer l’alternence jour/nuit qu’avec des STEPs. la prolongation du nucléaire amorti nous laisse une facilité sur 15 à 20 ans, et peut-être même plus.