Guadeloupe : la centrale thermique d’Albioma convertie à la biomasse
La Guadeloupe est une « zone non interconnectée » : comme l’ensemble des territoires et régions d’Outre-mer, elle est complètement isolée du réseau électrique continental.
De fait, elle doit être en mesure d’équilibrer en permanence, et par ses propres moyens, son réseau électrique afin d’éviter des délestages ou une coupure généralisée de courant à ses 400.000 habitants.
C’est la raison pour laquelle le parc de production électrique guadeloupéen est majoritairement basé sur les énergies fossiles polluantes. Les centrales thermiques offrent en effet une production d’électricité aisément pilotable malgré des retombées particulièrement nuisibles pour l’environnement.
C’est la raison pour laquelle la Guadeloupe s’est lancée il y a quelques années dans une transition énergétique tournée vers les énergies vertes et la valorisation de ses ressources inexploitées telles que la biomasse. Cette ressource va d’ailleurs être au centre d’un projet qui vise à convertir une centrale à charbon en centrale à biomasse. Explications.
La CRE valide la conversion de la centrale à la biomasse
La centrale thermique d’Albioma Caraïbes est une unité de production mise en service en mars 2011 en Guadeloupe. Exploitée par le groupe Albioma, elle génère chaque année plus de 260 GWh d’électricité grâce à sa puissance nette de 34 MW.
À elle seule, cette installation fonctionnant au charbon couvre près de 15% de la consommation électrique de la Guadeloupe. Malheureusement, son activité n’est pas exempt d’impacts sur l’environnement.
Comme toutes les centrales thermiques, dont le fonctionnement nécessite la combustion de matières fossiles, la centrale d’Albioma Caraïbes est responsable d’une quantité considérable de poussières et de gaz qui contribuent à la pollution de l’air et au réchauffement climatique.
Soucieux d’améliorer le bilan carbone du parc de production d’électricité guadeloupéen, la Commission de Régulation de l’Énergie (CRE) vient d’autoriser la conversion de cette centrale charbon à la biomasse.
Dans un communiqué officiel, la CRE a en effet validé les termes d’un projet d’avenant au contrat de vente d’électricité passé entre l’électricien EDF et le groupe Albioma : en validant les conditions tarifaires négociées par ces deux partenaires, cette commission en charge du bon fonctionnement du marché de l’énergie permet ainsi la conversion à la biomasse de cet équipement au charbon.
Des retombées écologiques positives
La transformation de la centrale thermique d’Albioma Caraïbes à la biomasse va permettre de réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 87%, soit l’émission annuelle de 265.000 tonnes équivalent CO2 sur l’ensemble de la chaîne.
« Ce projet s’inscrit pleinement dans les objectifs de la loi de transition énergétique pour la croissance verte qui prévoit, pour les territoires insulaires, 50% d’énergie renouvelable dans la consommation finale d’énergie dès 2020 », se félicite la CRE.
Véritable bioénergie totalement respectueuse de l’environnement, la biomasse permet de valoriser la matière organique d’origine végétale, animale, bactérienne ou encore fongique.
Dans le cas de la Guadeloupe, il s’agit principalement de valoriser énergétiquement les résidus de l’agriculture que sont la bagasse (provenant de la canne à sucre) et les écarts de triage de bananes.
« La conversion de la centrale à la biomasse permettra d’élever la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique de la Guadeloupe à environ 35 % (contre 20,5 % en 2017) », précise la CRE.
Un axe stratégique pour la transition énergétique guadeloupéenne
Zone insulaire isolée du réseau électrique continental, la Guadeloupe produit près de 80% de son électricité (soit 1.400 MWh par an en moyenne) à l’aide des énergies fossiles. Une caractéristique particulièrement dommageable d’un point de vue écologique (pollution de l’air et de l’eau) et économique (coût de l’importation des produits pétroliers).
C’est la raison pour laquelle la Programmation Pluriannuelle de l’Énergie de la Guadeloupe prévoit de déployer la part des énergies renouvelables à hauteur de 50% du mix électrique à l’horizon 2020 puis à 50% du mix énergétique d’ici 2030.
L’objectif que poursuit le gouvernement sur le long terme est d’atteindre l’autonomie énergétique dès 2050.
« La filière biomasse constitue un enjeu important pour la réussite de la transition énergétique en Guadeloupe. La Programmation pluriannuelle de l’énergie de Guadeloupe, du 19 avril 2017, fixe un objectif ambitieux de développement de la filière biomasse, avec 66 MW de capacité supplémentaire d’ici 2023, dont 43 MW provenant de la conversion d’unités fonctionnant actuellement au charbon et à la bagasse. Le projet de conversion à la biomasse de la centrale d’Albioma Caraïbes contribuera à l’atteinte de cet objectif de politique énergétique », précisent les membres de la CRE.