Gaines de combustible: mesures et contrôles pour 4 réacteurs nucléaires
Des contrôles et « mesures compensatoires » sont prévus sur les quatre réacteurs nucléaires de Chooz (Ardennes) et Civaux (Vienne) pour prévenir le risque de corrosion de gaines de combustibles, a-t-on appris jeudi auprès d’EDF.
L’unité n°2 de la centrale de Chooz est repartie mardi après six mois d’arrêt, après accord de l’Autorité de sûreté nucléaire: son arrêt pour maintenance avait dû être prolongé après la découverte de traces d’oxydation accélérée sur les gaines (« crayons ») de combustible.
Au même moment, EDF fait aussi face à des problèmes de « crayons » sur l’EPR numéro un de la centrale chinoise de Taishan, qui a dû être arrêté pour investigations.
Pour Chooz 2, l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), bras scientifique de l’ASN, a estimé le redémarrage « acceptable, au plan de la sûreté, compte tenu de la stratégie retenue par EDF pour la sélection des assemblages pouvant être rechargés et des mesures compensatoires prévues ».
L’IRSN juge aussi « satisfaisant » qu’EDF prévoie des « mesures compensatoires » sur l’ensemble des tranches de même génération, en l’occurrence les réacteurs de 1450 MWe de Chooz et Civaux, « afin de réduire le risque et les conséquences potentielles de l’apparition du phénomène de corrosion accélérée ».
A ce jour, « seul le réacteur de Chooz 2 a subi ce phénomène jusqu’à observation d’une desquamation », souligne EDF, qui précise que cette tranche « fonctionnera avec une puissance maximale abaissée pour supprimer l’oxydation accélérée ». Aucune fuite n’avait été observée.
Chooz 1, qui n’a pas été arrêté, a été « placé préventivement en situation de non manoeuvrabilité » (pas de modulation de la puissance), ajoute-t-on.
A Civaux 1, arrêté pour maintenance, le combustible sera contrôlé et la manoeuvrabilité définie selon le résultat. Le combustible de Civaux 2, contrôlé, n’est pas affecté, ajoute l’électricien.
Selon EDF, ces mesures ne devraient pas affecter la production nucléaire globale du pays pour l’année 2021, estimée à 345-365 TWh.
En Chine, l’EPR 1 de Taishan, construit avec EDF, est à l’arrêt depuis fin juillet, un petit nombre de crayons de combustible d’uranium endommagés causant une fuite de gaz rares radioactifs dans le circuit primaire, étanche. Les autorités chinoises avaient qualifié le phénomène de « courant », écartant tout danger.
cho/mch/eb
COMMENTAIRES
Au sujet de nos déboires sur les crayons des réacteurs de fortes puissances, j’avais écrit ce qui suit sur ces phénomènes récurrents et complexes (très bien décrits par madame Dejoué) :
Tout d’abord je vois qu’une des solutions proposées est de réduire la puissance maxi. C’est bien, mais alors que fera-t-on pour les EPR plus puissants encore !
ci-après ce que j’ai écrit sans avoir eu un commentaire en retour.
Michel DUBUS 22.08.2021 A madame Sophie Dejoué
» j’ai pris le temps pour vous répondre.
J’ai d’abord relu votre long commentaire notamment sur les défauts de gainage des crayons (munis de pastilles d’Uranium) qui sont à l’origine de bien des problèmes de sûretés des réacteurs nucléaires.
Puis j’ai lu quelques publications notamment sur
• la composition de l’alliage zirconium M5 qui constitue ces gaines
• la fabrication de ces gaines (tubes de plus de 4 m de long, de 10 mm diamètre et d’épaisseur de 0.6 mm) avec les types de soudure en extrémités.
• Les modes d’assemblage (grilles,tubes-guide). Cotation fonctionnelle !
• La généalogie des défauts rencontrés à ce sujet.
• Les causes possibles et les facteurs aggravants amenant ces phénomènes rapides qu’on peut qualifier d’érosion-corrosion).
Pour faire court, ce que j’ai retenu et compris :
plus le réacteur est puissant, plus il y a de micro vibrations et de frittage possible, plus les circuits d’eau pressurisée au travers du réacteur et des tubes peuvent être perturbés (ou préférentiels), plus leur déformation est possible et plus les températures peuvent être élevées ceci de manière hétérogène avec des incidences sur le grain de la matière et sur le fluage de ces mêmes tubes.
Ces phénomènes sont connus et ont fait l’objet d’étude mais la course à la puissance (900, 1300, 1450, 1650 Mw) demande circonspection et analyse via des task-forces (nationales voire internationales) autrement cela risque de tourner mal ou pas du tout.
Car comme vous le dites nous avons besoin pour l’avenir du nucléaire, de l’hydroélectrique et des Enri en appoint.
N’hésiter à compléter ce commentaire si besoin ».