GAFAM et renouvelables : greenwashing ou transition énergétique pour les géants du numérique ?

Article signé Antoine Trochon, consultant chez Wavestone et rédacteur sur le blog energyStream.

Amazon a annoncé en février  son projet d’acheter la moitié de l’énergie produite par un parc éolien offshore qui sera situé au Pays Bas. Le parc en question sera construit par Shell et Eneco au large des côtes néerlandaises sur une surface de 175 km². Il accueillera près de 70 éoliennes pour une capacité totale de 759 mégawatts et entrera en activité en 2024.

Le communiqué du groupe précise : “Amazon achète plus de 50% de cette capacité, soit un total de 380 MW, pour alimenter nos activités en Europe. Notre investissement permet en outre le développement de ce projet éolien innovant et de grande envergure”.

Pour situer ce que cela représente, et même si le facteur de charge n’est pas comparable, chaque réacteur nucléaire français fait entre 900 et 1300 MW (EDF).

Cet investissement représente le “plus grand projet d’énergie renouvelable à ce jour” d’Amazon et devra alimenter les sites européens du groupe. Rappelons qu’Amazon s’est fixé d’alimenter l’ensemble de ses installations en électricité renouvelable d’ici 2030.

Les moyens déployés pour atteindre cet objectif font d’Amazon le premier acheteur d’électricité renouvelable au monde avec une capacité de 6.5 GW financée.

Cela pourrait paraître surprenant, mais les GAFAM sont presque tous présents dans le top 10 des acheteurs d’électricité renouvelable.

Les GAFAM et les ENR

Jusqu’à 2020, Google était le premier acheteur d’énergies renouvelables avant d’être dépassé par Amazon. Le célèbre moteur de recherche a lancé une démarche de neutralité carbone dès les années 2000 pour atteindre cet objectif en 2007.

Google achète depuis 2017 « l’équivalent de 100 % de l’électricité qu’[il] consomme en énergies renouvelables » via sa filiale Google Energy.

Dernier objectif : pour 2030 Google souhaite être totalement « Carbon free »  en éliminant ses émissions carbone passées, en garantissant d’alimenter 24h/24 l’ensemble de ses activités en énergies renouvelables, et en investissant pour la création de 5 GW d’énergies renouvelables.

Facebook avait l’objectif ambitieux d’alimenter ses activités, serveurs compris, en électricité renouvelable dès 2020. Leur rapport environnemental annonce qu’ils étaient à 86% de cet objectif en juillet dernier. Le groupe soutient la construction d’une ferme solaire au Texas qui aura une capacité de 300 MW.

Il s’agit du premier investissement direct de l’entreprise dans les énergies renouvelables. L’électricité produite par les panneaux solaires sera vendue à Shell, elle ne servira pas directement à alimenter les infrastructures du groupe Facebook.

Microsoft a noué en 2019 avec ENGIE un partenariat d’achat d’électricité solaire et éolienne pour une puissance de 230 MW aux Etats-Unis. Dans le cadre de ce partenariat Microsoft fournit un cloud intelligent à l’énergéticien français qui permet d’optimiser la production et la maintenance des parcs éolien et solaire en analysant les données qu’ils récoltent.

En janvier 2020, Microsoft a pris de nouveau engagements, à savoir d’éliminer plus de carbone de l’atmosphère qu’il n’en émet chaque année d’ici 2030, et d’éliminer l’ensemble du carbone émis depuis la création de l’entreprise pour 2050. En 2020 le groupe a ainsi financé l’élimination d’1,3 tonnes de carbone via 26 projets de partenariats.

                                      Graphique Blog Microsoft

 

De son côté Apple, a annoncé que l’impact environnemental de ses produits serait nul en 2030. Le géant du numérique a annoncé en septembre dernier la construction de deux éoliennes géantes de 200 mètres de hauteur au Danemark. Ces éoliennes devront alimenter un data center situé dans la région.

Pourquoi un tel engagement des GAFAM ?

Les GAFAM représentent ce qu’il y a de plus avancé en matière de technologies. C’est pourquoi il parait cohérent qu’ils aient pris conscience de la nécessité de la transition énergétique à réaliser plus rapidement que d’autres entreprises. Ensuite les clients des GAFAM sont de plus en plus sensibles à l’environnement, et c’est un critère pour leurs choix.

C’est pourquoi les géants du numérique investissent dans le but de répondre à leurs préoccupations et mieux les satisfaire.

Investir dans les énergies vertes est un moyen pour ces géants de sécuriser sur le long terme leur approvisionnement en énergie, et leur permet de ne pas être dépendants des acteurs traditionnels de l’énergie.

Microsoft et Facebook sont, par exemple, membres de la Renewable Energy Buyers Alliance (REBA). Une association dont l’objectif est de développer le marché de l’achat d’énergies renouvelables par les entreprises et les associations.

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Enfin il semble que l’environnement soit devenu un terrain concurrentiel pour ces acteurs majeurs qui sont en compétition perpétuelle et cherchent à se démarquer. Nous l’avons vu dans le cas de Microsoft, acheter de l’électricité verte permet de nouer des partenariats pour gagner des parts sur le marché B2B.

Le président de Microsoft Brad Smith admet qu’il existe une certaine compétition entre les géants technologiques sur l’environnement : « Quand je pense à toutes les dynamiques concurrentielles du secteur de la technologie, c’est probablement la meilleure »

commentaires

COMMENTAIRES

  • A ce niveau d’engagement, il y a longtemps que l’on ne peut plus parler de greenwashing.
    l’avantage tiré en popularité serait identique pour des milliers de fois moins cher avec d’autres méthodes publicitaires.

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  • Un manque de connaissance de microsoft quand il dit  »vouloir éliminer du carbone de l’atmosphère » (erreur reprise par l’auteur de l’article!). Il s’agit du dioxyde de carbone et non pas du carbone… hors le CO² est un oxyde hélas très stable chimiquement!
    Tout le CO² présent dans l’atmosphère (et celui qu’on continue à émettre!) y restera pendant des générations! On a déjà dépassé le +1,5°C d’augmentation moyenne de température sur Terre et on accélère cette élévation catastrophique!
    Le vrai problème dans tous ces GAFAM, ce sont leurs consommations faramineuses d’énergie électrique! Il faudra en arriver non pas à taxer Internet, mais taxer l’impact énergétique dont les usagers se rendent responsables en passant des heures de vie sur ces sites de milliardaires non imposés!
    Puisqu’il y a tous les jours des centaines de nouvelles  »appli », il serait simple dans un premier temps (pour essayer de responsabiliser les usagers… je rêve!) de préciser à l’individu pour chaque connexion faite, l’énergie dépensée qui aura été  »dilapidée »! Et bien entendu une synthèse quotidienne, mensuelle et annuelle… résutats attendus  »HORS NORMES SOUTENABLES!

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  • Tout à fait Guy Favand il faut diminuer notre consommation électrique induite… Pour élargir ce propos :
    An niveau CO², le numérique représente autant que le trafic aérien avant COVID.
    Ces braves GAFAM qui en vivent et qui sont « trans-états » payent peu d’impôts.
    Ils sont en apparence écologistes comme l’air du temps l’impose.
    Ils sont en réalité des financiers qui sont toujours dans les bons coups pour accroître leur bénéfice. L’argent qu’ils investissent (en le faisant savoir) vient des banques
    La titrisation « verte » pour les banques est très porteuse et il est facile de lever beaucoup d’argent à l’aide de ces obligations dites vertes (qu’on aime tant à faire croire et croître)…
    C’est ainsi que les banques européennes et mondiales d’investissements apportent leur « label Vert » à tout projet auquel elles souscrivent et apportent contribution après les avoir « contrôlés et validés ». Chaque année, dotés de ce précieux sésame, des milliers de milliards peuvent financer les projets « bateaux » tels que les ENR, batteries, hydrogène entre autres.
    Les GAFAM ne sont pas plus philanthropes qu’écologistes mais de « vrais bons financiers » !
    En surfant sur cette manne financière, Ils flattent l’écologie pour mieux en profiter à son dépend, comme dans le corbeau et le renard.

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  • eh, vas y… Les GAFAM ne fonctionneraient-ils que quand il y a du vent et du soleil???
    Avec eux comme avec tous les consommateurs d’énergie, la production d’énergie éolienne ou solaire , si elle permet de diminuer les émissions de CO2 des producteurs d’électricité au charbon, au gaz ou au fioul, quand il y a du vent ou du soleil, ne permet que des gains de consommation de carburant (U235) quand il s’agit de centrales nucléaires.
    On pourra bien couvrir la planète d’éoliennes et de panneaux solaires, tant qu’il y aura de la consommation d’électricité la nuit et les jours sans vent, il faudra faire fonctionner des centrales pilotables émettant du CO2 ou des déchets radioactifs. Il faudrait imposer que le prix de l’électricité en sortie des moyens de production soit le prix du marché pour que les « marchants de vent » mettent en place des systèmes de stockage (STEP) on découvrirait alors qu’ils n’y a plus personne pour proposer ces ensembles « production aléatoire + stockage + moyens pilotables pour les jours sans… » car leur électricité serait à un prix « hors marché ».

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    •  »Le poids des mots »: on ne dit pas  »éolienne ou solaire » car  »Eole dieu des vents » c’est de l’énergie solaire! Toutes les formes d’énergies présentes sur Terre proviennent du Soleil … sauf le nucléaire et la géothermie profonde!
      Les STEP sont des moyens reltivement performants de stocker l’énergie (exempe du barrage de Grand Maison… mais lui sert surtout au nucléaire non pilotable!)…
      Ensuite il faut cesser de rabâcher ((les jours sans vent; les jours sans soleil, production aléatoire, stockage…etc.). Il faut surtout se remettre en cause et appliquer un principe simple: – »L’homme est au service de la nature, ET PAS LE CONTRAIRE »!
      Désolé monsieur Levy si on ne vous a pas appris cela à Polytechnique, il faudra bien comprendre un jour que forcer les clients à consommer la nuit est déjà un contrainte hors normes environnementale… mais surtout une contrainte qui impacte d’une façon débile l’énergie photovoltaïque!
      Effectivement les tarifs devraient être modulables en fonction des problèmes de production; mais surtout ces tarifs devraient être très progressifs (on y viendra par obligation… facile avec Linky!). Les premiers kWh à très bon marché (ceux qui suffiraient dans le cadre d’une parfaite MdE!), puis très vite des augmentations conséquentes. CECI EGALEMENT POUR LES 140000 EMPLOYES D’EDF GDF QUI NE PAYENT PAS LEURS CONSOMMATIONS!

      Répondre
      • Et l’énergie solaire est une énergie nucléaire de fusion ! Toutes les énergies ont cette origine : thermonucléaire.

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        • Effectivement, mais notre étoile fusionne à 150 millions de km… pas à 15km!
          Et juste pour rappel, personne n’évoque le projet des utopistes d’ITER (ni aucun article là dessus!)… ces alchimistes gravement à côté de la plaque et des lois élémentaires de la physique veulent copier la fusion solaire sur notre Terre!!! mais de quel asile se sont-is échappés?
          https://www.iter.org/fr/factsfigures (voir ces chiffres affolants et ces gaspillages monstrueux de matériaux!)… mais dans cette présentation, ils n’osent pas parler des coûts… ils en étaient à 18 millards l’an passé… comme pour les EPR au niveau financier, c’est une fuite en avant… aucune rustine possible… les contribuables doivent payer… encore et encore!

          Répondre
    • La présentation des choses pour le solaire et l’éolien est biaisée en permanence: on y parle sans cesse de puissance installée (ce qui correspond à la puissance crête au meilleur de l’ensoleillement);
      Il faudrait mesurer plutôt la quantité d’énergie livrée (en kwxh par exemple!) sur une unité de temps suffisamment longue (année ou à la rigueur, mois)

      Répondre
  • Il y a un doux mélange entre :
    – puissance installée,
    – énergie produite quand il y a du vent et du soleil (environ 1/4 du potentiel installé)
    – énergie produite quand on consomme cette énergie…
    La direction de Total Energies prévoit d’installer 100GW de puissance éolienne et solaire. Le secours sera fait par des centrales au gaz. Ce n’est pas à la hauteur de l’enjeu. Tant qu’il n’y a pas de stockage d’énergie, les EnRi vont fragiliser les production par l’énergie pilotables.

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