Pourquoi le monde est encore (et restera) fortement dépendant du charbon ?

Un éclairage du site Fournisseur énergie

Malgré un impact désastreux sur l’environnement et la santé humaine, le charbon est encore largement utilisé dans le monde pour produire de l’électricité. De l’Afrique à l’Asie en passant par l’Europe, de nombreux pays sont fortement dépendants de cette source d’énergie fossile et peu chère. Ainsi, alors que de plus en plus d’États veulent en finir définitivement avec le charbon, certaines parties du monde auront besoin de plusieurs décennies pour y parvenir.

À l’occasion de la COP26 qui s’est déroulée au début du mois de novembre en Écosse, une quarantaine de pays ont signé un accord pour mettre fin à l’utilisation du charbon dans la production d’électricité au profit des énergies renouvelables (éolienne, solaire, hydraulique, etc).

Selon ce texte, la sortie définitive du charbon devrait intervenir dès 2030 pour les pays développés et 2040 pour ceux qui ne disposent pas des moyens suffisants pour mener à bien une transition écologique en « si peu de temps ».

Pourtant, on observe actuellement dans le monde une double tendance. Certaines nations comme l’Allemagne ou le Royaume-Uni ont déjà entamé leur sortie du charbon alors que d’autres comme la Chine ou l’Australie continuent d’ouvrir de nouvelles centrales et mines.

Comment expliquer une telle disparité ? Pourquoi de nombreux pays ne peuvent pas se passer de cette énergie fossile ?

Sortie du charbon : pour quelles raisons ?

La lutte contre le réchauffement climatique

Bien entendu, la nécessité de sortir du charbon repose avant tout sur les enjeux écologiques et plus particulièrement sur la lutte contre le réchauffement climatique. En effet, son exploitation est à l’origine de 40% des émissions de gaz à effet de serre, mais est également responsable de la pollution des sols et de l’eau.

Mine de charbon en Chine

C’est principalement pour cette raison que des pays tels que l’Allemagne et le Royaume-Uni ont fortement réduit la part du charbon dans leur mix énergétique. Selon les ambitions du gouvernement allemand, toutes les centrales à charbon devraient être fermées d’ici 2038.

Le Royaume-Uni va encore plus loin dans cette démarche puisque dès 2024, la part du charbon dans le mix énergétique sera de 0%. Il faut dire que les britanniques ont fait de gros efforts pour diminuer leur dépendance en passant de 40% de charbon en 2010 à 8% en 2020.

Cependant, ces chiffres sont à nuancer puisque historiquement, la dépendance de l’Allemagne vis-à-vis du charbon est plus importante qu’au Royaume-Uni.

La concurrence du gaz naturel

Dans d’autres pays, ce sont davantage des raisons économiques qui motivent la sortie du charbon. Un bon exemple est celui des États-Unis où les fermetures de centrales se multiplient ces dernières années. Au pays de l’Oncle Sam le charbon entre en concurrence directe avec une autre énergie fossile, le gaz naturel, dont la production est moins coûteuse et les prix à la revente plus élevés.

Ainsi, on estime que chaque année, près de 40 000 MW d’électricité produits à partir du charbon sont retirés du marché américain. La chute est telle que la consommation de charbon dans le pays est tombée à son niveau de 1975. « L’économie s’oriente dans une direction qui favorise d’autres sources d’énergie. Il y a cinq ans, ce sont les centrales à charbon les plus anciennes qui n’étaient plus économiquement viables. Maintenant, toute unité utilisant du charbon est concernée », explique un expert américain des énergies renouvelables.

Les effets sur la santé

En finir avec le charbon est aussi une question de santé publique pour les populations qui vivent à proximité immédiate des centrales, pour ceux qui utilisent le charbon au quotidien, mais surtout pour les travailleurs dans les mines. Les fumées toxiques rejetées par ces dernières sont responsables de maladies respiratoires aux conséquences graves.

Ainsi, on estime que 500 000 mineurs meurent chaque année pour cause de maladie pulmonaire provoquée par les particules fines en suspension. Si l’on prend également en compte les personnes qui ont un usage domestique du charbon, le nombre de morts s’élève à près de 2 millions de décès par an.

Bien entendu, tous les pays ne font pas face au même taux de mortalité, les plus touchés étant ceux dont l’utilisation du charbon est la plus importante. On peut citer :

  1. La Chine ;
  2. L’Inde ;
  3. La Pologne ;
  4. La Russie.

Comment en finir avec le charbon ?

Il ne fait aucun doute que la fin du charbon passera par une plus grande utilisation des énergies renouvelables. C’est d’ailleurs ce que préconise l’accord de la COP26 signé par quarante pays et qui prévoit une sortie du charbon d’ici une vingtaine d’années.

Cependant, comme nous l’avons expliqué précédemment, les pays les moins développés seront ceux qui auront le plus de difficulté à abandonner le charbon. Pour bien comprendre cette problématique, prenons l’exemple de l’Afrique du Sud.

Première puissance industrielle du continent africain, l’Afrique du Sud est encore fortement dépendante du charbon. En effet, 80% de l’électricité du pays provient de centrales à charbon (souvent mal entretenues) ce qui a plongé le pays dans une crise énergétique. En effet, les coupures d’électricité sont si fréquentes que cela affecte l’activité économique.

Pour en finir définitivement avec cette énergie fossile, l’Afrique du Sud veut accélérer le développement des énergies renouvelables en multipliant les projets. Ainsi, suite à la COP26, le gouvernement a accordé 25 contrats pour des projets renouvelables pour un total de 50 milliards de rands, soit 2,8 milliards d’euros.

Grâce à ces projets composés de fermes éoliennes et de centrales photovoltaïques, la capacité de production d’électricité verte devrait être portée à 2 583 mégawatts (MW). Néanmoins, il faudra attendre 2024 avant que le premier de ces projets ne voit le jour.

Pourquoi la dépendance au charbon persiste-elle ?

Des raisons économiques et sociales

Pour de nombreux pays tels que la Chine ou l’Inde, abandonner le charbon n’est pour le moment pas possible en raison du poids économique et social que représente son exploitation. En effet, selon les chiffres communiqués par les autorités chinoises, un peu plus de 6 millions de personnes travaillent dans l’industrie du charbon.

Ainsi, fermer les mines et arrêter l’exploitation signifierait mettre au chômage ces millions de chinois, ce qui n’est pas envisageable pour le régime de Xi Jinping. Il en est de même dans tous les pays producteurs de charbon comme l’Inde, l’Australie ou encore l’Indonésie.

Le charbon a également son importance sur le plan économique puisqu’il permet de produire de l’électricité à bas prix. Cette électricité sera ensuite redistribuée au niveau national ou vendue à l’international.

Dans le contexte actuel de l’augmentation des prix de l’énergie il est évident que les bénéfices engendrés par la vente d’électricité provenant du charbon ne sont pas négligeables.

Une réponse à la demande

Justement, cette augmentation des prix de l’énergie s’explique en partie par une augmentation de la demande en électricité et gaz au niveau mondial, et plus particulièrement en Asie.

Les besoins en électricité sont tels que la Chine et l’Inde redoutent des coupures de courant afin de préserver les stocks qui sont déjà dangereusement bas.

Afin de répondre à une demande croissante, la Chine a donc pris la décision d’augmenter sa production de charbon. Cela passe par la construction de nouvelles centrales comme l’a annoncé le gouvernement au début du mois de novembre 2021, alors que la COP26 battait son plein.

À quand la fin du charbon ?

Pour être honnête, il est peu probable que la totalité des signataires de l’accord de la COP26 parviennent à sortir du charbon d’ici 2040. En effet, beaucoup de pays en voie de développement, souvent les plus dépendants, ne disposent pour le moment pas des moyens suffisants pour effectuer une transition écologique rapide.

Lors de la COP15 en 2009, les pays riches avaient signé un texte les engageant à aider les pays en voie de développement à faire face aux conséquences du changement climatique par l’intermédiaire d’une aide financière de 100 milliards de dollars par an.  Cependant, ce financement climatique peine à se mettre en place, notamment en raison de la pandémie de Covid 19.

Ainsi, une sortie définitive du charbon au niveau mondial semble totalement utopique. Même si des solutions existent, nombreux sont les États qui ne peuvent (ou ne veulent) pas se passer de cette énergie fossile. Pire encore, ces pays adoptent des comportements contradictoires face à la nécessité d’accélérer la transition énergétique.

La Chine a par exemple annoncé qu’elle cesserait de financer des centrales à charbon à l’étranger, mais souhaite augmenter le rendement des centrales chinoises pour faire face à la demande croissante en électricité.

L’Inde, deuxième plus gros consommateur de charbon, demande davantage de moyens financiers pour le développement des énergies renouvelables, mais continue d’investir dans ses mines à charbon et refuse de fixer une date pour atteindre la neutralité carbone.

 

commentaires

COMMENTAIRES

  • Pourquoi ?
    Parce que la population s’en fiche et ne comprend plus rien, lobotomisée qu’elle est par la télé et les réseaux sociaux.
    Les progrès en matière de réduction des GES sont systématiquement annulés par l’effet rebond et par la croissance démographique.
    Il faut voir déjà tout ce que l’on consomme en trop qui vient de Chine, + l’obsolescence programmée des appareils informatiques, + leur plus grande fragilité: ordinateurs portables aujourd’hui extrêmement fins, qui dureront moins longtemps que leurs prédécesseurs.

    Répondre
  • Si le charbon pose bien des problèmes de pollution lors de son extraction et des problèmes pour la santé lors de son utilisation, son utilisation pour la production d’électricité ne correspond pas à 40 % des émissions de gaz à effet de serre.

    En 2018, la production mondiale d’électricité ET de chaleur a émis 13.820 Mt CO2, dont 10.060 à partir de charbon. Dans le cas du charbon, les proportions respective d’énergie utilisée ont été de 85 % et 15 % pour l’électricité et pour la chaleur. Toutes données IEA.

    Les émissions dues à la seule production d’électricité à base de charbon ont donc été de 8.550 Mt CO2 en 2018 au niveau mondial.

    En 2018, les émissions totales de gaz à effet de serre (GES) ont été de 55.600 Mt CO2 équivalent, dont 3.800 Mt d’origine LULUCF (UTCATF).

    La production mondiale d’électricité à base de charbon en 2018 a donc représenté 15,4 % des GES et pas 40 %. Les proportions n’ont guère changé depuis.

    Répondre
    • Déjà ~15% c’est beaucoup.Cela pourrait être réduit, si au lieu de privilégier l’électricité comme vecteur d’énergie on utilise l’hydrogène. Celui-ci peut être fabriqué à partir du charbon, en deux étapes, schématiquement : oxydation partielle en CO, puis réaction de ce dernier avec l’eau. Le CO2 alors formé peut-être capté et stocké ou ,à petite échelle(locale) ,piégé pour donner des produits de valeur: par exemple par réaction avec l’ammoniaque du bicarbonate d’ammonium, engrais utilisé en Chine depuis des lustres.

      Répondre
  • L’explosion démographique, la surpopulation, est évidemment le problème majeur à l’origine de tous les autres.

    Selon les Nations-Unies, la population mondiale est passée de 2,54 à 7,79 milliards d’habitants entre 1950 et 2020 : 3,17 fois plus en seulement 70 ans.

    En Afrique, cette population est passée de 228 à 1.340 millions d’habitants, en Asie, de 1.405 à 4.640 millions.

    Alors qu’en France la population n’a augmenté que de 56 % en soixante-dix ans, ce qui est déjà beaucoup trop, la population a été multipliée par cinq à huit dans de nombreux pays et beaucoup plus dans quelques pays particuliers.

    En Egypte, la population est passée de 20,5 à 102,3 millions d’habitants. Au Yémen de 4,7 à 29,8. En Turquie de 21,4 à 84,3. En Algérie de 8,9 à 43,8. Au Maroc de 9,0 à 36,9.

    En Côte d’Ivoire de 2,6 à 26,4. Au Kenya de 6,1 à 53,8. Au Niger de 2,6 à 24,2. Au Congo (Zaïre) de 12,2 à 89,6. Au Nigeria de 37,9 à 206,1.

    En Inde, de 376 à 1.380 millions d’habitants. En Chine de 554 à 1.439 millions. Au Pakistan de 37,5 à 220,9. Au Bangladesh de 37,9 à 164,7.

    Et aux Maldives, de 74 à 541 millions d’habitants : 7,3 fois plus. La destruction des mangroves, l’extraction du sable et la destruction des coraux (pour le béton), le pompage des nappes phréatiques expliquent pour beaucoup la montée relative du niveau de la mer, très médiatisée. La capitale, avec 18.000 h/km2, y ressemble plus à Manhattan qu’à une île paradisiaque.

    En Syrie, la population avait été multipliée par plus de six, de 3,4 à 21,4 millions d’habitants, entre 1950 et 2010, principale raison de la guerre avec l’épuisement des ressources locales.

    Répondre
  • La population mondiale peut aussi se stabiliser et être amenée à se réduire. https://www.rtbf.be/article/demographie-la-population-mondiale-sera-t-elle-bientot-en-declin-10732164
    La notion de surpopulation est liée aux capacités de l’humanité à faire face, par des solutions technologiques et agronomiques appropriées, à une demande sans cesse croissante en bien de consommation de produits manufacturés, alimentaires et énergétiques. Rien n’est inéluctable si le progrès est mis au service de l’humanité.

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