canicule

Canicule de juin 2025 : l’Europe sous tension

Les chiffres donnent le vertige. Jusqu’à 46 °C enregistrés en Espagne, un mois de juin historiquement chaud en France, le deuxième jamais mesuré… La canicule qui a étouffé l’Europe en cette fin de mois de juin 2025 n’a pas seulement pesé sur les organismes. Elle a aussi mis à rude épreuve les réseaux électriques du continent, poussés à leurs limites par une consommation hors norme et une production rendue instable.

Une consommation électrique à la hausse face à la canicule

Le lundi 30 juin, à 13 h, RTE a enregistré un pic de consommation en France à 57 GW, soit 13 % de plus que l’année précédente à la même époque. La cause ? La généralisation de la climatisation, de plus en plus incontournable, notamment dans les entreprises, les hôpitaux et les logements collectifs. Selon les estimations du gestionnaire de réseau, chaque degré de plus au thermomètre se traduit par 700 à 1 100 MW de consommation supplémentaire. Une envolée qui a mis sous tension l’ensemble du système, déjà fragilisé par la chaleur ambiante.

Une production solaire record… mais insuffisante

Si le soleil a fait grimper les thermomètres, il a aussi boosté la production d’électricité photovoltaïque. Un record historique a été franchi avec 45 TWh générés sur le mois en Europe. Un chiffre impressionnant, mais qui n’a pas suffi à compenser la hausse de la demande. Résultat : les prix de l’électricité sur les marchés spot ont explosé. Multipliés par deux, parfois trois, ils ont dépassé les 400 €/MWh, signe d’un déséquilibre profond entre offre et demande.

Des infrastructures à la peine

Avec la canicule, les incidents se sont multipliés. Jusqu’à 13 000 foyers se sont retrouvés sans électricité, notamment dans le sud de la France et certaines régions d’Italie, à la suite de coupures localisées. Les câbles surchauffés, exposés à des températures extrêmes, ont vu leur efficacité réduite, certains postes transformateurs ont dû être temporairement mis à l’arrêt. Plus inquiétant encore : plusieurs réacteurs nucléaires ont été contraints de réduire leur puissance faute de pouvoir refroidir efficacement les installations, l’eau des rivières étant trop chaude pour servir à cet usage sans impact environnemental majeur.

Un système vulnérable face à la canicule

Ce nouvel épisode climatique extrême rappelle cruellement à quel point le système électrique européen reste vulnérable. Il est pris en étau entre une demande en forte croissance liée à l’électrification des usages (climatisation, transports, numérique…) et une production elle-même sensible aux aléas climatiques. Le solaire a brillé en juin, mais que se passera-t-il en cas de vague de chaleur prolongée accompagnée d’un épisode nuageux ou d’un affaiblissement du vent ?

Vers une nouvelle résilience énergétique

Face à ces signaux d’alerte, les experts appellent à une transformation profonde du réseau électrique européen. La diversification des sources d’énergie devient cruciale, mais elle doit s’accompagner d’un effort massif sur le stockage, la flexibilité de la demande (via la gestion intelligente des pics) et la modernisation des infrastructures. Il s’agit également de penser l’adaptation physique des réseaux : câbles, transformateurs, centrales doivent être conçus pour fonctionner à haute température.

L’enjeu est d’anticiper les étés à venir, toujours plus chauds, plus longs, plus fréquents. Car si l’Europe s’électrifie pour décarboner son économie, elle doit aussi s’adapter aux nouvelles contraintes climatiques. Faute de quoi, les prochaines canicules pourraient bien rimer avec blackouts.

commentaires

COMMENTAIRES

    • En réponse à « Airsol »:
      Je pense que, bien au contraire, la seule (ou presque !) utilisation « rationnelle » du PV (et de sa surproduction passagère) serait, justement, son utilisation « occasionnelle » pour alimenter, en circuit court, la clim ! Il se fait, en effet, que, justement, c’est, le plus souvent, quand il y a un grand soleil (donc une hausse de la température !) qu’il serait justement intéressant d’alimenter les « clim » !… plutôt que de revendre la production PV à prix négatifs ? (aux frais du contribuable !…) non ?
      Mais, bien sur, je comprends qu’Airsol fasse sa pub pour « vendre sa camelote !… ». C’est de bonne guerre !

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      • @Schricke
        Soit je m’exprime mal, soit vous comprenez de travers
        Nous sommes toutefois d’accord sur un point, le solaire PV et les besoins électriques liés a la clim sont bien corrélés

        Répondre
  • Pour la France qui se différencie au niveau mix énergétique des autres pays européens et c’est tant mieux, quelques éléments factuels :
    le 30 juin à 14 h (avec le plein soleil) l’hydraulique était à 3660 MW et à 21h 30 il était à 9173 MW (plus de soleil)
    Merci qui ? l’hydrau de France qui en a encore sous la chaussure et qui compense l’lintermiitent solaire qui ne produit pas la nuit ! Durant ce même 30 juin le nucléaire tournait ‘en talon’ aus environs de 36 000 MW (merci aussi à lui !)
    D’autre part, je cite ds le texte :  » effort massif à faire sur le stockage ! » Ce n’est pas demain la veille qu’avec les batteries (même ,en giga nombre) que cela se fera avec une giga pollution et giga destruction de la planète au niveau composites à extraire et à raffiner pour leur fab !.
    Plus cela va moins cela va, mais cela ressemble à la « prophétie » du sapeur camembert qui devait creuser un trou pour espérer en boucher un autre !
    et comme disait Ddu bien venu ds un monde meilleur (ubuesque) !

    Répondre
    • @michel Dubus
      D’accord sur l’hydraulique et le nucléaire dont on peut diminuer la vulnérabilité à l’eau peut être largement limitée par les SMR utisés en cogénération. Et se tourner aussi vers d’autres sources pilotables qui ne sont toujours pas utilisées pour mon grand malheur, le lobbying intense en faveur des interrmiitens qui peuvent être mis en oeuvre par les premiers couillons venus, mais même ce constat est battu en brêche. au moment même ou en Espagne les renouvelables intermittents ont mis en genou en terre bien fermement avec l’aide d’une conduite dangereusemenrt irresponsable de l’opérateur. Mes propos peuvent se substituer en peu de mots au rapport officiel rédigé par une autruche qui ferait rire s’il n’était précisément pas officiel. Il y a des limites au foutage de gueule. Mais….the show must go on ! Et ce jusqu’au prochain black out ! Plus de pilotables, moins d’intermittents, est ce si compliqué ?

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    • Le PV + STEP peut théoriquement couvrir la surconsommation liée à la clim.
      (Avant, cela était couvert par les centrales à gaz et à charbon, il y a donc là un progrès).
      Le profil de la production espagnole montre bien cela
      https://energy-charts.info/charts/power/chart.htm?l=fr&c=ES&week=28
      concernant la production solaire « nocturne » visible dans ce graphique, cela provient du destockage par sel fondu dans les centrales solaires thermodynamiques.
      Cependant, les STEP manquent fortement en Espagne pour couvrir la période nocturne.
      Au Portugal, le mix est plus équilibré entre production PV et STEP.

      Répondre
    • @Dubus
      Les batteries continuent à se développer.
      Selon certains, c’est un objectif louable s’il s’agit de batteries de voiture pour remplacer le gasoil, et c’est caca si ça remplace du nucléaire.
      En tout cas ce marché progresse vite, les petits kits solaires sont maintenant couramment proposés avec batteries,
      La gestion des ressources de la terre est un vrai problème, qui devra passer par plus de réemploi/recyclage

      Répondre
    • @Dubus
      « le 30 juin à 14 h (avec le plein soleil) l’hydraulique était à 3660 MW et à 21h 30 il était à 9173 MW (plus de soleil) »
      Merci pour l’info
      Pour compléter, le 30 juin a 14 h le solaire était a 18 000 MW, et a permis d’économiser de l’hydraulique pour le soir

      Répondre
  • l’article parle de canicule, les commentaires n’en parlent pas?

    Pour le black out je relai un post d’Artur de Paepe

    Les aventures de Jean-Mi’ Experénergie]
    Black-out en République tchèque : encore ces satanés renouvelables !!! 👇
    Et pourtant… tout avait bien commencé ce matin pour Jean-Mi’.
    Réveil 7h pétantes, il ouvre les volets.
    Stupeur : pas de soleil, très peu de vent 😱
    Tous les signes d’un black-out imminent dans un pays qui a laissé proliférer les EnR.

    Alors Jean-Mi’ panique pour son congélo.
    Il fonce vérifier : ouf, les glaçons sont encore là. Rassuré, il file comme tous les matins s’informer objectivement sur C-News avec Pascal Praud et sa bande d’experts.
    Mais… rien. Pas un mot sur un blackout, ni en France, ni ailleurs.
    Bizarre…
    Jusqu’à ce qu’un post LinkedIn attire son œil affûté : black-out confirmé… en République tchèque !
    Jean-Mi’ Experénergie a les bons réflexes, il connaît la réponse.
    C’est à cause des renouvelables.
    Ni une ni deux, il prépare son propre post LinkedIn pour alerter ses amis éclairés à l’atome.
    Mais cette fois, Jean-Mi’ fait une petite entorse au protocole : il décide de vérifier une donnée. Juste une.
    « Quel est le mix en Tchéquie ? »

    Et là… c’est le drame. Il découvre sur les courbes de l’AIE que le système électrique tchèque repose essentiellement sur le charbon et le nucléaire.
    Éolien + solaire = environ 4% du mix.
    Les bras lui en tombent.
    Pourtant Pascal avait dit : “S’il y a un black-out, c’est les renouvelables.”
    Jean-Mi’ vacille, beaucoup de questions se bousculent dans sa tête.

    Existerait-il une autre vérité ? A-t-il eu tort de chercher une source fiable ?
    Peut-on vraiment avoir une panne réseau s’il n’y a pas d’EnR à accuser ?

    Répondre
    • En réponse à
      « l’article parle de canicule, les commentaires n’en parlent pas »?
      Ma réponse du 18 pour ceux qui savent lire s’inscrit précisément ds ce qui est écrit ds l’article :
      « Une consommation électrique à la hausse face à la canicule
      Le lundi 30 juin, à 13 h, RTE a enregistré un pic de consommation en France »
      Ah j’oubliais comparaison n’est pas raisison : la France n’est pas la Tchéquie et le réseau français a résisté au black out ibérique et lui a même permis de redémarrer grâce à son important volume de machines tournante permettant entre autre de garantir une fréquence stable !

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