Les grandes banques pointées du doigt pour leur soutien massif aux énergies fossiles

Une étude publiée par plusieurs ONG révèle que les principaux établissements financiers mondiaux continuent de privilégier le financement du charbon, du pétrole et du gaz au détriment des énergies renouvelables. Les banques françaises apparaissent toutefois mieux positionnées que leurs concurrentes américaines ou asiatiques.

Des chiffres qui contredisent les engagements climatiques

Malgré les discours en faveur de la transition énergétique, les flux financiers continuent de se concentrer sur les énergies fossiles. Selon une étude dévoilée mardi par un collectif d’ONG, dont Reclaim Finance, WWF, Urgewald et Rainforest Action Network, les 65 plus grandes banques de la planète ont accordé entre 2021 et 2024 plus du double de financements aux énergies fossiles qu’aux filières « soutenables ».

Dans le détail, les établissements financiers ont octroyé 3 285 milliards de dollars à des projets liés au charbon, au pétrole ou au gaz, contre seulement 1 368 milliards pour des projets éoliens ou solaires. Autrement dit, pour chaque dollar injecté dans les fossiles, seulement 42 cents sont alloués à la transition énergétique.

Un ratio jugé largement incompatible avec les recommandations de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), qui appelle à un arrêt progressif du financement des nouveaux projets fossiles si l’on veut espérer respecter les objectifs de l’accord de Paris.

Des définitions restrictives et un constat sévère

L’étude retient un périmètre volontairement strict pour définir les « énergies soutenables ». Contrairement à certaines classifications utilisées par les banques, elle exclut par exemple la bioénergie ou certains projets hydroélectriques, souvent critiqués pour leur impact environnemental. Ce choix méthodologique peut expliquer des écarts avec les chiffres communiqués par les établissements eux-mêmes.

Mais le constat demeure : « Les grandes banques ne sont pas sur la bonne voie pour financer la transition énergétique », écrivent les auteurs du rapport, qui dénoncent une forme de « double discours » entre les déclarations publiques et les pratiques réelles de financement.

Les banques françaises mieux placées que la moyenne

Dans ce panorama mondial, les banques françaises apparaissent en meilleure posture que la plupart de leurs homologues étrangères. La Banque postale et le Crédit Mutuel sont cités en exemple : leur soutien aux énergies fossiles est qualifié de « négligeable », tandis que leurs financements en faveur des énergies alternatives sont sept à neuf fois supérieurs.

BNP Paribas figure à la 14e place du classement mondial, Société Générale à la 22e, tandis que le Crédit Agricole et le groupe BPCE (Banques populaires – Caisses d’épargne) occupent respectivement la 26e et la 29e place.

Seule ombre au tableau : BPCE. Contrairement à la tendance générale en France, ses financements aux énergies fossiles ont augmenté sur la période, ce qui en fait un cas isolé dans l’Hexagone.

Des réactions contrastées

La Fédération bancaire française (FBF) a réagi à la publication de cette étude en soulignant que les établissements hexagonaux « sont conscients de l’importance » du ratio entre financements fossiles et soutenables. « Leur objectif est bien d’augmenter ce ratio en soutenant de plus en plus les énergies renouvelables et en se désengageant progressivement des énergies fossiles », affirme l’organisation professionnelle.

De leur côté, les ONG restent prudentes face à ces engagements. Elles rappellent que la plupart des banques communiquent davantage sur leurs objectifs à long terme que sur les mesures concrètes mises en place à court terme. Or, préviennent-elles, chaque année de financements massifs accordés aux énergies fossiles retarde la transition énergétique et aggrave la crise climatique.

Entre impératifs financiers et urgence climatique

Pour les ONG, cette étude met en lumière une contradiction persistante : les banques continuent de privilégier les investissements perçus comme rentables à court terme, alors même que le financement massif des énergies renouvelables est indispensable pour atteindre les objectifs climatiques internationaux.

Alors que la COP30 doit se tenir en novembre au Brésil, ce rapport pourrait raviver le débat sur le rôle du secteur financier dans la lutte contre le réchauffement. La question est désormais posée : les banques sauront-elles transformer leurs promesses en actes, ou continueront-elles à alimenter le moteur des énergies fossiles au détriment de la transition ?

commentaires

COMMENTAIRES

  • Les « engagements » ayant été pris par des gens totalement incompétents pour des raisons purement idéologiques (et absurdes dans le cas présent, l’Europe ayant au plan mondial une influence négligeable sur les rejets prétenduement néfastes), étonnons nous que les gens compétents ruent dans les brancards ? Quand donc Bruxelles se résignera-t-elle à abandonner des décisions qu’elle n’a nulle compétence pour prendre à ceux qui, eux, les ont ?

    Répondre
    • Toujours le même incompetent qui croit savoir ce qu’est le climat et comment il évolue, mieux que les climatologues !
      Consternant !

      Répondre
      • à Serge R.
        Je pense (de plus en plus !) qu’il faudra que vous pensiez (sérieusement !) à revoir votre définition (très « partisane ?) de… l’incompétence !… Car, de toute évidence, en matière énergétique, la votre devient (ou reste ?) très « critique » ! Non ?

        Répondre
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