transition energetique

Les territoires, moteurs de la transition énergétique

Bruno Rebelle, directeur de Transitions, agence conseil en développement durable, ex-responsable de Greenpeace en France et à l’international, en est convaincu : les acteurs locaux ont une carte à jouer dans la transition énergétique.

Vous avez été membre du comité de pilotage du débat national sur la transition énergétique. Un an après les accords de Paris, restez-vous optimiste quant à l’application de la loi dans les années à venir ?

Nous pouvons rester optimistes, en Europe comme dans un certain nombre de pays dans le monde. Si les évolutions géopolitiques et l’arrivée de Trump à la Maison Blanche ne sont pas de bons signes, et si nous pouvons avoir quelques inquiétudes – en France où l’on constate des incohérences, en Europe où il n’y a pas forcement d’unité sur le sujet de la transition énergétique avec le charbon polonais, l’est du continent qui n’a pas forcément les moyens de sa transition de manière aussi ambitieuse qu’il le faudrait et le Brexit avec une Grande-Bretagne qui sort de l’Union alors qu’elle était moteur sur le sujet, des tendances lourdes s’ancrent petit à petit dans les pratiques. Globalement, une dynamique s’est consolidée avec l’accord de Paris. C’est encourageant.

Quelles sont les clés de son succès ?

La principale clé, qui nous manque encore, est de donner un prix au carbone. Nous n’en sommes actuellement qu’à l’état de la formulation d’une ambition ! Il y a encore beaucoup à faire sur le sujet. Il est évident que le jour où nous aurons un prix européen puis mondial du carbone, nous aurons fait un grand pas pour accélérer la transition énergétique. L’autre élément, franco-français, concerne le nucléaire et notre embourbement dans nos choix stratégiques. Les décideurs politico-économiques ont encore du mal à comprendre que nous sommes arrivés à la fin d’un cycle et qu’il faut passer au cycle suivant.

Selon vous la transition énergétique sera d’autant plus efficace si elle est décentralisée… Comment fonctionne cette décentralisation ?

Les deux principaux ressorts de la transition que sont la réduction des consommations d’énergie et le développement des renouvelables sont en effet des leviers efficaces que nous pouvons activer à l’échelle territoriale. Un chiffre : 70% des émissions de gaz à effet de serre sont issus des activités produites dans les plus grandes agglomérations du monde. C’est donc bien à l’échelle des villes que nous allons pouvoir travailler sur la réduction des consommations liées au bâti et aux transports et mobiliser les citoyens.

Et l’une des particularités technologiques des énergies renouvelables aidera à nourrir cette mobilisation citoyenne. On peut toujours construire et exploiter de grosses unités de centrales solaires hors sol mais on peut aussi, même surtout construire une myriade de petites unités pour un résultat similaire. Je pense aux unités villageoises qui poussent dans les parcs naturels régionaux, aux petits parcs éoliens à base citoyenne, aux petites unités de méthanisation, aux chaufferies bois. Ces éléments sont par nature décentralisés mais aussi déconcentrés et proches du citoyen. Cette décentralisation et cette déconcentration permettent aux locaux de se saisir de l’enjeu énergétique. C’est là à mon avis qu’il y a une dimension politique extrêmement intéressante : des acteurs se penchent sur la transition énergétique alors que jusqu’à ces dernières années, le sujet concernait uniquement l’État. Avec l’équipe de Transitions, nous travaillons en accompagnant les territoires. Que ce soit à Bordeaux avec Alain Juppé où nous venons de finir la refonte de la stratégie de développement durable de la métropole, ou avec le réseau des territoires à énergie positive en Rhône-Alpes qui a pour ambition de produire, en 2050, autant d’énergie à partir des ressources renouvelables que ce qu’il consommera.

C’est donc une réelle opportunité pour les entreprises ?

Oui, c’est une réelle opportunité économique. Je prends un exemple. En Rhône-Alpes, nous avons travaillé sur la facture énergétique du territoire s’étalant entre Annecy et Chambéry (avec au centre le parc naturel du massif des Bauges) en étudiant la consommation d’énergie tous usages confondus. Vivent ici 320.000 habitants. La facture énergétique s’élève à 860 millions d’euros. Quand vous regardez ce qu’il est possible de faire, vous vous rendez compte qu’il est possible de réaliser 30% d’économie. Au total, ce sont plus de 250 millions d’euros qui vont pouvoir rester sur le territoire puisque l’énergie est achetée à l’extérieur. Et de surcroît, quand on sait que nous pouvons avoir recours au solaire thermique, mobiliser la ressource bois du territoire, explorer la récupération des calories basse température des lacs du Bourget et d’Annecy pour faire de l’échange de chaleur, développer le solaire photovoltaïque, avoir recours à la géothermie…nous pouvons encore accentuer les économies ! Résultat des courses : d’ici 15 ans, nous pourrions donc passer d’une facture de 860 millions à 200 millions d’euros. L’emploi en sortirait naturellement grand gagnant de cette dynamique. Et sans être écolos, les élus du territoire comprennent bien l’enjeu de cette transition énergétique.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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