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Nucléaire: entre l’aversion et l’affection

Tribune signée Walter Ambrosini , professeur d’ingénierie nucléaire à l’Université de Pise

Les principaux problèmes auxquels fait face la science nucléaire aujourd’hui sont essentiellement politique et médiatique. Le nucléaire a une mauvaise image publique. En même temps, il reste le seul moyen capable de générer de l’électricité (et même de la chaleur) de façon stable et nette d’émission de CO2.

D’un point de vue technologique, le combustible nucléaire offre de nombreux avantages, notamment par rapport au charbon, au mazout ou au gaz, qui émettent d’énormes quantités des gaz à effet de serre et rejettent des contaminants toxiques lors de la combustion. Les systèmes de sûreté des centrales nucléaires sont plus fiables que les mêmes systèmes des autres installations industrielles.

Ainsi, il est indispensable de déconstruire la perception erronée des risques qui fait le jeu de groupes d’intérêts pour lesquels le développement à grande échelle de la plus jeune et la plus puissante source d’énergie non-intermittente ne serait pas avantageux.

En Europe, par exemple, certains pays s’engouffrent dans des politiques de compromis suites aux pressions de groupes environnementaux qui, de facto, soutiennent l’utilisation des combustibles fossiles en attendant que les sources renouvelables deviennent disponibles.

La méconnaissance du public

L’aversion pour le nucléaire s’explique tant par un manque de sensibilisation du public et une méconnaissance du sujet, que par la sous-estimation de la nécessité de réorienter la politique énergétique vers les questions d’avenir. D’ailleurs, cette aversion est similaire à celle de la vaccination, qui met en péril la santé publique dans les pays occidentaux.

Comme déclarait le physicien Jean-Marc Lévy-Leblond, «la science n’est pas démocratique »: la valeur du nombre Pi ne peut être définie par un vote à mains levées. D’un autre côté, les économies en croissance comme la Russie ont bien compris les avantages de l’énergie nucléaire et la développent activement. Ces pays semblent par ailleurs avoir une meilleure perception de ses avantages et ses risques sur le plan politique et une meilleure capacité à prendre des décisions.

J’espère sincèrement que le public européen finira par accepter les technologies nucléaires, trop souvent perçues comme nuisibles, grâce aux actions éducatives au sein desquelles les pays pourraient eux-mêmes participer. Il n’y a aucun doute que les technologies nucléaires se développent partout dans le monde sur la meilleure base des technologies élaborées.

J’y vois précisément la nécessité d’une coopération internationale étroite, étant donné que l’Europe, les États-Unis, la Russie et bien d’autres pays du monde ont près de 15 000 années-réacteur d’expérience dans le domaine nucléaire.

Le nucléaire, énergie du futur

Si l’on veut aborder l’avenir de l’énergie nucléaire, il nous faut parler des réacteurs du futur, à savoir les réacteurs de génération IV. Sans aucun doute, la fermeture du cycle du combustible et la mise en service de réacteurs à neutrons rapides sont susceptibles de transformer les ressources d’uranium et de thorium en réserves de très long terme.

C’est-là le plus vieux rêve des alchimistes, et le résultat du travail de plusieurs générations de scientifiques et de chercheurs. À cet égard, il convient également de rappeler les projets de recherches de fusion thermonucléaire, y compris le projet international ITER. Ces initiatives représentent l’avenir de la science nucléaire, mais jusqu’à présent nous ne savons pas à quel point cet avenir est proche.

En revanche, ce que nous observons dans l’immédiat, c’est la lutte contre le changement climatique et la nécessité de garantir l’approvisionnement en énergie propre pour une population mondiale toujours croissante. Il existe différents scénarios à l’horizon 2050; il est facile de les imaginer, mais leur réalisation demande avant tout de surmonter les difficultés politiques qui, à l’heure actuelle, rejette de façon injustifiée l’énergie nucléaire.

Malheureusement, concernant le choix des énergies, l’influence politique l’emporte sur la considération scientifique ou technologique. Le paysage énergétique du futur sera déterminé par des hommes et des femmes politiques. J’espère qu’ils seront sensibles aux avis de ceux qui possèdent une connaissance et une expertise dans ce domaine particulièrement technique

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