Wattway

La France lance le premier tronçon de route solaire au monde

C’est à Tourouvre, petite localité française d’à peine plus de 1500 habitants, qu’a été inaugurée la première route solaire du monde. Baptisé Wattway, ce projet pilote vise à développer une technologie renouvelable d’un nouveau genre : une surface routière recouverte de cellules photovoltaïques capables de transformer les rayons du soleil en énergie totalement respectueuse de l’environnement. Cette technique prometteuse permettrait de transformer les quelques 1072 milliers de kilomètres que comporte le réseau routier tricolore en véritable ressource énergétique renouvelable. Toutefois, en raison de son coût relativement élevée, la route solaire ne fait pas encore l’unanimité auprès des citoyens français. Explications.

Répondre aux objectifs de la France en matières d’ENR

La loi du 17 août 2015, relative à la transition énergétique pour la croissance verte, fixe des objectifs ambitieux en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre, de maîtrise de la consommation d’énergie et de développement des énergies renouvelables. D’ici 2030, il s’agira notamment de porter à 32% la part des énergies renouvelables dans la consommation énergétique brute de l’Hexagone. Pour se donner les chances d’y parvenir, le gouvernement envisage d’augmenter de plus de 70% la capacité d’énergies renouvelables électriques au cours de la prochaine décennie.

Soutenu par les pouvoirs publics, le déploiement massif des énergies renouvelables à l’échelle nationale sous-entend d’importants moyens de mise en œuvre. L’objectif : que l’intervention des pouvoirs publics pousse les technologies renouvelables innovantes vers davantage de maturité technologique et économique et que les acteurs de la filière renouvelable fassent de la France une référence en termes de technologies de production d’énergie propre aussi bien en Europe que dans le monde. Une ambition qui a pesé dans la décision du financement du projet de route solaire Wattway par le gouvernement.

L’ambitieux projet Wattway

Le projet Wattway n’ambitionne rien de moins que de concevoir la route du futur, à même de produire de l’électricité grâce aux rayons du soleil. Pour y parvenir la société Colas, filiale de Bouygues, spécialisée dans l’entretien des infrastructures routières, travaille depuis plusieurs années sur un revêtement routier équipé de cellules photovoltaïques. Développées en partenariat avec l’Institut national de l’énergie solaire (Ines), les dalles photovoltaïques qui constituent cette route d’un nouveau genre sont prévues pour être collées directement sur l’asphalte, sans travaux de génie civil. L’électricité produite est ensuite injectée dans le réseau de distribution locale via un raccordement direct.

Épais de quelques millimètres seulement, ce revêtement comprend des cellules photovoltaïques de 15 centimètres de côté qui constituent une fine feuille de silicium polycristallin. « Les dalles Wattway sont enrobées dans un substrat multicouche composé de résines et de polymères, suffisamment translucides pour laisser passer la lumière du soleil et assez résistantes pour supporter la circulation de poids lourds » explique un des scientifiques de la société. Le tout en assurant une bonne adhérence entre les pneus et la chaussée.

route solaire
Source: Wattway

Financé par l’État, ce projet innovant a franchi le 15 décembre dernier une nouvelle étape. La ministre de l’Environnement, Ségolène Royal, s’est en effet rendue dans le département de l’Orne, dans le nord-ouest de la France, pour raccorder officiellement au réseau électrique tricolore le premier kilomètre de route solaire. Après avoir été testées pendant plusieurs années sur des parkings ou de simples voies de passage en Vendée, dans les Bouches-du-Rhône et dans les Yvelines, les dalles photovoltaïques sont désormais en phase de test en conditions réelles d’utilisation.

Les 2000 automobilistes qui empruntent chaque jour la Route Départementale 5 au sortir de la localité de Tourouvre seront donc parties prenantes de cette évaluation pendant une période de deux ans afin de tester les performances et la fiabilité des dalles solaires Wattway. Long d’un kilomètre, ce premier tronçon de route solaire est recouvert de 2800 mètres carrés de cellules photovoltaïques : de quoi produire suffisamment d’électricité verte pour assurer le fonctionnement de l’éclairage public d’une ville de 5000 habitants. De manière globale, le constructeur estime qu’une surface de 50 m² de route solaire permet d’approvisionner entièrement un foyer en électricité.

« C’est une idée de génie, on utilise un espace qui sert à autre chose et qui ne va pas consommer des terres agricoles dans les pays très peuplés« , s’est réjouie Ségolène Royal. « Ce nouvel usage de l’énergie solaire permet de profiter des grandes surfaces d’infrastructures routières, déjà utilisées aussi bien par les transports, voitures, vélos, piétons, pour produire de l’électricité sans mobiliser de foncier supplémentaire ».

Le précurseur d’un déploiement à grande échelle

Le gouvernement a placé d’importants espoirs dans la technologie Wattway. Lors d’une récente conférence de presse, Ségolène Royal a présenté les caractéristiques du « plan de déploiement national des routes solaires » dont l’objectif est notamment de déployer les dalles photovoltaïques sur 1000 kilomètres de routes françaises dans les prochaines années. Dès l’année prochaine, l’État conduira un plan d’expérimentation de route solaire sur le réseau routier national : la route 164, en Bretagne, permettra de tester le dispositif sur une voie nationale. La ministre a également annoncé le lancement en janvier prochain d’un « appel d’offres innovation pour encourager le développement de technologies solaires innovantes ».

« C’est un prototype qui commence à intéresser au niveau international », affirme le ministère de l’Environnement, de l’Énergie et de la Mer. Des investisseurs chinois et africains ont en effet exprimé leur intérêt pour les dalles photovoltaïques lors de la COP22 qui s’est déroulée à Marrakech, au Maroc, en novembre dernier. « Si cette route solaire tient ses promesses, le continent africain sera évidemment un marché d’avenir. 600 millions de personnes ne disposent pas d’électricité, alors que l’Afrique connait un fort taux d’ensoleillement », explique en effet Jean-Louis Bal, le président du Syndicat des Énergies Renouvelables.

Des détracteurs ?

Aussi ambitieux qu’il soit, le projet ne fait pas pour autant pas l’unanimité. Ses détracteurs reprochent notamment à l’État de financer à hauteur de 5 millions d’euros un dispositif dont le rendement énergétique est incertain. « On a un prototype à environ 17 euros par watt alors qu’on arrive à 1 euro par watt pour des centrales [solaires] au sol. La question est donc de savoir quel est le potentiel de réduction de ce coût« , s’interroge Jean-Louis Bal. Questionné à ce propos, les responsables de Wattway affirment qu’ils seront en mesure de produire à l’horizon 2020 une énergie au même coût que les centrales solaires classiques, soit 1,3 euros le Watt crête. Bal questionne également  les volumes d’électricité que permettront de générer les dalles photovoltaïques en conditions réelles d’utilisation. Le Président du Syndicat des Énergies Renouvelables estime en effet que l’inclinaison horizontale des panneaux n’est pas optimale et que le passage des véhicules diminuera probablement le rendement énergétique du dispositif.

Ces critiques ne semblent pour autant pas freiner la motivation de l’État français à soutenir l’innovation dans le secteur des énergies vertes. Faces aux problématiques environnementales actuelles, la France a en effet compris que retombées économiques et bénéfices environnementaux étaient étroitement liés. Ségolène Royal estime d’ailleurs que c’est bien grâce à des projets innovants et ambitieux que « la France peut être à l’avant-garde et parmi les meilleurs pays au monde pour la transition énergétique ». Il n’y a plus qu’à espérer que la prise de risque Wattway se révélera, dans un futur proche, payante.

 

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