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Le gaz naturel liquéfié, rempart contre la Russie ?

Une mesure adoptée en juillet 2017 par la Chambre des représentants des États-Unis vise à promouvoir le gaz naturel liquéfié  (GNL) en Europe pour améliorer sa sécurité énergétique et ainsi contrer l’influence de la Russie. Son objectif est aussi (accessoirement…) de soutenir le développement de l’infrastructure gazière américaine.

Selon l’administration américaine, la Russie utiliserait l’énergie, notamment le gaz, « comme une arme pour contraindre, intimider et influencer » les pays européens.

La thèse de doctorat de Poutine en 1997 se terminait par ces mots : « Pour que la Russie émerge de sa crise profonde et atteigne sa puissance antérieure, les matières premières du pays constituent le facteur le plus important de son développement à court terme. (…) Son avenir dépend de l’ampleur de l’utilisation du potentiel des richesses naturelles« .

La Russie souhaite actuellement atteindre la domination mondiale dans trois secteurs critiques : le pétrole (Rosneft), le gaz (Gazprom), et l’énergie nucléaire (Rosatom).

Une Europe vulnérable

La production européenne de gaz naturel est en baisse, laissant l’Europe de plus en plus vulnérable aux aléas des marchés d’importation. La Russie est devenue le premier exportateur de gaz vers l’Europe avec 35% du gaz consommé sur le marché européen en 2016, suivie par la Norvège (23%) et l’Algérie (13%). La plus grande partie de ce gaz est acheminé par des gazoducs (pipelines datant de l’ère soviétique) qui traversent la Russie et l’Ukraine où les risques géopolitiques sont importants.

La compagnie russe Gazprom qui contrôle à la fois les ressources et les artères du gaz, veut doubler son gazoduc appelé « North Stream » à travers la mer Baltique vers l’Allemagne.

Le gaz « de schiste » des Etats-Unis est quasiment identique au gaz « naturel » européen ou russe. Il est principalement composé de méthane. Ce gaz est liquéfié (à moins 160°C) dans les terminaux puis il traverse l’Atlantique par bateaux (méthaniers) vers le marché européen sous la forme de GNL.

Les transports par la mer sont moins exposés aux risques géopolitiques que les gazoducs traversant plusieurs pays sur des milliers de kilomètres.

Mais, en 2016, le GNL provenant de différents pays (principalement du Qatar) n’a représenté que 10% du marché européen.

Les États-Unis ont aussi exprimé leur soutien au gazoduc du « corridor sud » qui partirait du champ de gaz de Shah Deniz (au large de la côte de l’Azerbaïdjan) jusqu’en Europe, en passant par la Géorgie et la Turquie .

En octobre 2017, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a déclaré  que l’attitude des Américains marquait une volonté à peine voilée de « sortir la Russie des marchés de l’armement et de l’énergie » alors que, selon Lavrov, il n’y a aucune preuve de son ingérence en Europe ou aux Etats-Unis.

L’énergéticien allemand Wintershall, impliqué avec Gazprom dans le gazoduc North Stream, a demandé à Washington d’éviter de jouer au « football géopolitique » dans le secteur énergétique européen.

De son coté, la Commission européenne travaille sur des mécanismes de diversification d’approvisionnement en durcissant les règles concernant les importations par gazoducs. L’objectif affiché est d’améliorer la concurrence avec le transport par voie maritime pour favoriser le développement du GNL.

Le gaz russe, norvégien, et américain (liquéfié ou non) a encore de beaux jours devant lui.

Le développement des énergies renouvelables intermittentes (notamment l’éolien et le solaire) nécessitera toujours de consommer du gaz en secours (pour les nuits avec peu de vent), et encore plus si la production d’électricité nucléaire venait à baisser.

C’est déjà le cas en Allemagne où, après l’arrêt imposé de plusieurs réacteurs nucléaires, les centrales à gaz (et au charbon) tournent à plein régime, ce dont se réjouissent depuis longtemps les « gaziers » et nos amis… Russes.

Certes, le GNL permettra une meilleure diversification de nos approvisionnements en gaz, mais notre voisin russe continuera à alimenter les centrales à gaz européennes (notamment allemandes) et à chauffer nos chaumières pendant encore longtemps.

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