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Éolien, CO2 : une politique énergétique absurde (Tribune)

Tribune de Jean-Pierre Bardinet, Ingénieur ENSEM Nancy (École Nationale Supérieure d’Électricité et de Mécanique).

Il y a quelque temps, le Ministère de la Transition écologique et solidaire a lancé une consultation publique concernant un projet de décret relatif aux éoliennes terrestres et portant diverses dispositions de simplification et clarification du droit de l’environnement :

Que de manière jésuistique ces choses-là sont dites, car il s’agit en fait de supprimer toute possibilité de recours aux associations de riverains et/ou aux associations nationales telle la FED.

Bref, ce projet de décret, émanant de la Commission Lecornu, a pour seul objectif de supprimer toute entrave juridique ou administrative à l’implantation d’usines éoliennes partout en France et à laisser les promoteurs avides faire ce qu’ils veulent.

Bien évidemment, comme de coutume, sous couvert de démocratie participative, les conclusions de cette consultation sont déjà connues et ne subiront très vraisemblablement aucun amendement.

J’ai néanmoins participé, sans me faire aucune illusion, en déposant deux commentaires (le premier pour rappeler que leur politique énergétique est totalement incohérente et catastrophique pour notre pays, et le second pour me défouler face à la lourde machinerie techno-bureaucratique, adepte inconditionnelle des thèses du GIEC/IPCC).

Qu’est-ce-qu’une politique énergétique efficace ?

  1. Les politiques énergétiques privilégient en principe les émissions bas carbone et elles sont censées, en outre, de fournir des moyens de production conformes aux standards d’une production rationnelle d’énergie électrique, à savoir :
  2. Elle doit être pilotable, adaptable en temps réel aux fluctuations de la demande. En particulier, elle doit être capable de gérer les heures de pointe (HP) et de réduire la production en fonction de la baisse de la demande en heures creuses (HC).
  3. Elle doit être indépendante des caprices d’Eole et des cycles de Phébus.
  4. Elle doit avoir un impact mineur sur l’environnement et la biodiversité
  5. Le réseau de transport ne doit pas être soumis à des fluctuations brutales et aléatoires
  6. Le prix du kWh doit être compétitif
  7. La sécurité d’approvisionnement doit être garantie
  8. Elle doit avoir un bilan carbone vertueux

Contrairement à ce qui nous est affirmé péremptoirement, le bilan carbone des éoliennes intermittentes est mauvais, de manière indirecte, car la gestion de l’intermittence en temps réel nécessite des centrales thermiques en soutien permanent, obligées de fonctionner en régime discontinu, ce qui dégage encore plus de CO2.

Donc, pour sauver la planète, on met en place des filières qui vont à l’encontre de ce qui est souhaité. Comprenne qui pourra !

Un développement des éoliennes injustifié

Plus généralement, il est facile de vérifier que les éoliennes intermittentes ne satisfont à aucun des standards d’une production rationnelle d’énergie électrique : non pilotables, soumises aux caprices des vents, massacreuses de biodiversité ailée (ce qui perturbe gravement l’équilibre des écosystèmes locaux), sources de nuisances pour les riverains (infrasons), sources de variation brutales du réseau de transport, prix du kWh non compétitif, aucune sécurité d’approvisionnement en HP hivernale du soir, bilan carbone non vertueux, et … racket institutionnalisé des ménages (taxe CSPE), ce qui fait que l’on se demande quelle est la justification de leur développement inconsidéré.

Les profits pharaoniques des promoteurs, aux frais des ménages ? Une politique volontariste de décroissance, engendrant misère et graves mouvements sociaux ?

Un torpillage en règle du tourisme dans nos belles régions, défigurées par les usines d’éoliennes ? Le soutien dogmatique d’une énergie « verte », alors qu’elle ne l’est pas ?

Pour tuer le nucléaire, combat historique des Verts, alors même que son bilan carbone est particulièrement vertueux, ce qui est une seconde incohérence ?

Pour toute personne sensée, les EnR intermittentes, à la technologie du passé, adulées par les chantres de l’écologisme, n’auraient jamais dû voir le jour, car les filières de la surgénération, sur lesquelles travaillent et avancent plusieurs pays, sont bien plus intéressantes.

A quoi sert l’éolien ?

Bref, l’éolien ne sert à rien et les propositions de la Commission Lecornu, dont l’objectif est de favoriser les implantations d’usines éoliennes en bafouant les droits des citoyens, sont néfastes pour notre pays.

Cela étant, n’oublions pas que, selon le rapport AR5 du GIEC/IPCC, nos émissions de CO2 ne sont que de 4 à 6% du total des émissions.

On nous dit que le CO2 d’origine anthropique s’accumule dans l’atmosphère, son temps de séjour étant estimé par le GIEC/IPCC à une centaine d’années (notons que cette estimation, curieusement, est la seule, 40 autres, provenant de publications scientifiques, mais négligées par le GIEC/IPCC, l’estimant à 8 ans en moyenne).

En fait, le temps de séjour du CO2 dans l‘atmosphère, quelle que soit son origine, naturelle ou anthropique, n’est que de 5 à 6 ans environ, et la part de CO2 anthropique dans l’air n’est que d’environ 6% (delta C13).

Donc, même si le CO2 avait une action mesurable sur la température, notre politique climat-énergie, sensée agir sur 1% environ du total des émissions mondiales, n’aurait aucun effet, si ce n’est procurer des avantages déraisonnables aux promoteurs de l’éolien (et du solaire), d’augmenter la précarité énergétique, de détruire de l’emploi et de réduire le pouvoir d’achat des ménages. Faire plus absurde, est-ce possible ?

commentaires

COMMENTAIRES

  • Sauf à mettre des centrales thermiques , le nucléaire à toujours de l’avenir et les naïfs qui espèrent avec le renouvelable supprimer le nucléaire auront le nucléaire et les éoliennes avec en prime une électricité 2 à 3 fois plus cher

    Répondre
  • Avoir modifié le code de santé publique afin que les riverains des ventilateurs industriels puissent subire 2.8 fois plus de bruit que le reste de la population est une aberration.
    De plus, que la distance mini entre éolienne et habitation soit toujours de 500 m quand l’académie de médecine recommande 10 fois la hauteur des engins l’est aussi.
    => Les riverains n’ont donc pas les mêmes droits que les autres !
    Voici donc un futur scandale sanitaire.
    Bizarrement, l’exemple Allemand n’est pas suivi cette fois ci…
    La France continue tête dans le guidon à détruire les paysages, ruiner la santé des riverains en enrichissant les promoteurs payé par la CSPE des usagers.
    On marche sur la tête !!!

    Répondre
  • Le nucléaire depuis son origine s’ancre dans le mensonge d’État, le mensonge ordinaire et quotidien qui sont plus que jamais les socles sur lesquels s’arqueboutent les jusqu’au boutistes du nucléaire ; rien ne les émeut ni ne les ébranle : les déficits colossaux comblés par nos impôts, les endettements faramineux qui condamneraient toute autre activité privée, les pollutions radiologiques cancérigènes récurrentes invisibles et inodores non évaluées, les risques croissants minimisés, les déchets mortifères millénaristes en croissance continue et dissimulés pour quelques centaines d’année, après on s’en fout …. des coûts de sécurisation et de sécurité dont l’on nie l’envolée proportionnelle à la vétusté des centrales et à l’interdiction de l’accident que même l’ASN ne peut exclure.
    Les énergies renouvelables constituent aujourd’hui et enfin une opportunité formidable à l’égard de laquelle les lobbyistes du fissile, habitués à flatter un égo technologique mal placé, constituent une entrave dans nos efforts de mise à niveau. Des pays comme l’Allemagne, la Corée du Sud, la Suisse, dont le niveau industriel, technologique et scientifique semble plus prometteur que le notre, ont entamé, à divers degrés, une démarche de sortie progressive ou de réduction de leur capacité nucléaire. Et cessons de prendre les Allemands pour des imbéciles, leurs stratégie économique et énergétique leur permet de bénéficier d’une excédent commercial égal à six fois notre déficit. L’Allemagne a réduit sa production électrique charbonnière (de 57% en 1990 à 40% dans la production électrique , source AGEB) et sa feuille de route la mène vers une économie décarbonée qui déjà nous surpasse. D’autres pays économiquement mieux organisés et plus prometteurs que nous sont sur la voie de l’Allemagne, alors il serait temps d’ouvrir les yeux, de ne pas se figer dans une sorte de scientisme autiste, d’aveuglement jusqu’au boutiste fleurant la soumission sectaire. Cette argumentation consistant à nier catégoriquement les évidences fait perdre toute crédibilité.
    Louper , même partiellement cette révolution des renouvelables témoignerait d’une grave erreur stratégique et de surcroît relèverait d’une mise en danger des populations soumises à un risque fissile croissant. En fonction des évolutions futures, les responsables de ces errances devraient avoir à en répondre.

    Répondre
  • Les énergies renouvelables intermittentes et aléatoires nous ont été justifiées par la « décabonisation » urgente de l’atmosphère pour raison de réchauffement climatique. Voilà le tonnage en millions de tonnes de CO2 émis entre 2008 et 2017 après une multiplication d’un facteur 106 de la puissance des EnRia d’après les informations publiées par RTE :

    2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017
    34 35 37 26,5 29,5 37 19 32 33.5 39

    Où est la décarbonisation ?

    Répondre
  • Bardinet @

    «  » » »En fait, le temps de séjour du CO2 dans l‘atmosphère, quelle que soit son origine, naturelle ou anthropique, n’est que de 5 à 6 ans environ, et la part de CO2 anthropique dans l’air n’est que d’environ 6% (delta C13). » » » »

    Comment expliquez vous que le taux de CO² atmosphérique ne cesse de croître bien que l’océan soit toujours un puits net de carbone ? Permettez moi aussi de vous rappeler que vous ne possédez aucune connaissance sur le sujet.

    Répondre
    • J’adore quand un affreux réchauffiste affirme, sans aucune preuve bien évidemment, que je suis un parfait ignare sur le sujet. Bien sûr, il laisse entendre que lui est un expert de de sujet, et, avec cette manoeuvre aussi sournoise que débile, il refuse toute controverse…

      Répondre
  • Comme l’infâme Robert n’a rien compris, il faut que je lui explique. Les océans en zone intertropicale, donc plus chauds, dégazent du CO2 (loi de Henry), et les océans en hautes latitudes absorbent du CO2 (loi de Henry). Il n’y a pas équilibre entre absorption et émission, et les émissions sont plus importantes que les absorptions, ce qui explique que le taux de CO2 continue à augmenter quasi linéairement. Quod Erat Demonstrandum…

    Répondre
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